Vers une politique alimentaire commune pour l’Union européenne : les propositions d’IPES-Food

Dans son nouveau rapport, fruit de trois ans de travail associant un large éventail d’experts et de parties prenantes, le panel international IPES-Food se fait l’avocat d’une politique alimentaire commune pour l’Union européenne (UE), seule à même, selon les auteurs, de répondre aux défis actuels : santé, environnement, inégalités d’accès à l’alimentation, etc. Partant d’un constat chiffré sur les limites d’un système alimentaire dit « low cost » (produire en masse à bas prix), le rapport propose une refonte totale des politiques en la matière, avec cinq objectifs : 1) « garantir l’accès à la terre, à l’eau et à des sols en bonne santé » ; 2) « reconstruire des agroécosystèmes sains et résistants au changement climatique » ; 3) « promouvoir une alimentation suffisante, saine et durable pour tous » ; 4) « mettre en place des chaînes d’approvisionnement plus équitables, plus courtes et plus propres » ; 5) « mettre le commerce au service du développement durable ».

Les cinq objectifs d’une politique alimentaire commune

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Source : IPES-Food

Ces cinq objectifs sont déclinés en mesures concrètes, certaines à court terme : consacrer au moins 50 % des financements de l’UE au développement rural, exonérer les fruits et légumes de TVA, réformer les évaluations d’impact sur le développement durable des accords de libre-échange, etc. D’autres seraient à adopter à plus long terme, comme par exemple : réserver tous les paiements de l’actuelle PAC à la fourniture de biens publics ; adopter une directive européenne restreignant le marketing des produits à forte teneur en matières grasses, en sel ou en sucre, et des aliments hautement transformés ; mettre en place une taxe carbone aux frontières (produits importés).

Message clé du rapport, la gouvernance actuelle n’est pas, en l’état, en capacité d’assurer la transition vers cette nouvelle politique, en raison du poids des lobbies, de la prise en compte insuffisante des expérimentations locales (ex : politiques alimentaires des villes), et des incohérences entre politiques sectorielles conçues et appliquées en silos. IPES-Food propose donc des mesures pour une gouvernance rénovée, étape nécessaire pour conduire le changement vers cette nouvelle politique alimentaire commune promue par les auteurs. Soulignons enfin que ce rapport fait suite à d’autres publications du groupe d’experts sur des thématiques liées : transition écologique, politiques alimentaires urbaines, nouvelle science des systèmes alimentaires durables.

Julien Hardelin, Centre d’études et de prospective

Source : IPES-Food

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