GIEC – Publication du volet « adaptation » du cinquième rapport
Après un premier volet relatif aux connaissances scientifiques publié en septembre 2014, le groupe de travail II a rendu publique sa contribution au cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il porte sur les risques liés au changement climatique, en particulier les événements extrêmes, et les mesures d’adaptation ; sont aussi explorées les questions de vulnérabilité, ou encore de résilience.
Dans ce rapport, le chapitre 7 est dédié à la sécurité alimentaire et aux systèmes de production. Les auteurs discutent des effets du changement climatique sur les cultures et leur rendement ; les conditions d’accès, d’utilisation et les prix de ces ressources sont aussi abordés.
À propos des rendements, un grand nombre d’études montrent un impact du changement climatique négatif – les travaux actuels ne permettant pas de trancher sur des effets positifs dans les régions de haute latitude. Ces effets semblent plus prononcés pour le blé et le maïs que pour le riz et le soja. La figure ci-dessous présente les estimations des impacts observés du changement climatique entre 1960 et 2013.
Le rapport souligne aussi que de nombreuses études, depuis le dernier rapport du GIEC (AR4), permettent de confirmer notamment :
les effets stimulants du dioxyde de carbone sur les cultures, mais aussi sur le développement des plantes envahissantes ;
les impacts négatifs d’une concentration élevée d’ozone dans la troposphère sur les rendements.
Mais une difficulté persiste concernant l’étude des interactions entre ces nombreux paramètres (dioxyde de carbone, ozone, température moyenne, etc.) Quant aux effets sur la propagation des maladies (répartition géographique, intensité), ils restent incertains.
Les projections montrent un impact sur les rendements débutant dès 2030, que les mesures d’adaptation soient en place ou non ; l’impact est plus marqué en 2050. Les risques sur la sécurité alimentaire sont substantiels dans les scénarios avec une forte augmentation de température (3-4°C localement ou plus).
Au sujet des impacts sur les prix à l’horizon 2050, les écarts sont très importants selon les études. Les modélisations tenant seulement compte des variations de températures et de précipitations montrent une augmentation des prix mondiaux de l’ordre de 3 à 84%. Alors que les travaux qui incluent le changement de concentration en dioxyde de carbone (mais pas celle de l’ozone ou le rôle des maladies et nuisibles) projettent un impact entre -30 et +45%.
La différence de rendement induite par la mise en place de mesures d’adaptation est de l’ordre de 15 à 18% du rendement actuel. Mais cette approche en moyenne cache de fortes disparités selon la culture considérée, la région, le niveau du réchauffement climatique ou encore le type de mesures mises en œuvre. La préférence semble plutôt être donnée au développement d’un bouquet de stratégies pour un même système de productions afin de limiter les impacts négatifs du changement climatique. Les auteurs soulignent aussi le manque de connaissances sur les innovations et leurs potentiels d’adaptation en termes de transformation, d’emballage, de transport, de stockage et d’échanges commerciaux.
Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective
Source : IPCC