L’étiquetage nutritionnel : quelle efficacité ?

L’étiquetage nutritionnel est l’un des outils utilisés par les pouvoirs publics pour essayer de modifier les comportements alimentaires dans un sens plus favorable à la santé des consommateurs. Sur la base de travaux en cours en psychologie, sociologie et économie comportementale et industrielle, dans le cadre du projet de recherche « AlimInfo » financé par l’Agence nationale de la recherche, Bernard Ruffieux et Louis-Georges Soler ont synthétisé dans un récent numéro d’Inra Sciences sociales les avantages et limites de différentes démarches d’étiquetage.

L’étiquetage descriptif ou informatif, qui prend la forme du tableau nutritionnel apposé au dos des emballages, souvent complété par des mentions explicitant la contribution aux recommandations nutritionnelles journalières (RNJ), est le plus largement répandu en France (80% des produits du marché). Des travaux montrent que s’il peut parfois faciliter des régimes alimentaires plus sains, son impact général reste assez modeste, en raison notamment du difficile arbitrage entre goût et santé : le biais de la « préférence pour le présent » favorise le plaisir hédonique face à un bénéfice santé reporté dans un avenir plus lointain et incertain.

L’étiquetage prescriptif consiste en un logo apposé en face avant des produits qui, par un jeu de couleurs, permet une identification rapide de la qualité nutritionnelle par le consommateur (feux tricolores uniques ou multiples par nutriment, logo du Programme National Nutrition Santé ou coche verte). Le modèle de logo préféré dépend du public visé : chez les populations moins favorisées, peu sensibles à l’information nutritionnelle, les logos uniques agrégés, tels qu’un feu tricolore ou une clé verte, semblent être plus acceptés.

Il faut aussi tenir compte de l’impact d’un tel étiquetage sur l’offre, et sur les stratégies d’entreprise, pour en mesurer l’efficacité. En effet, le risque est que les entreprises baissent les prix des produits désignés ainsi comme étant de moins bonne qualité nutritionnelle pour compenser les baisses de parts de marché provoquées par l’affichage. Dans ce cas, les effets de l’information pourraient être largement amoindris par les effets prix, et de nouveaux travaux sont nécessaires pour explorer ces ajustements entre l’offre et la demande.

Céline Laisney, Centre d’études et de prospective

Source : Inra Sciences sociales

image_pdfimage_print