Nouvelle stratégie agricole nigériane

Dans l’objectif de renforcer sa sécurité alimentaire, le Nigeria a annoncé en août 2011 une nouvelle stratégie agricole baptisée « nouveau plan d’action de transformation agricole » (ATAP). Cette initiative, qui vise l’augmentation de la production des cinq principales cultures (riz, manioc, sorgho, cacao et coton), prévoit l’injection de 2 milliards de dollars US dans le secteur de la production et 2,2 milliards dans l’économie nigériane à travers l’autosuffisance en riz, selon son ministre de l’agriculture. L’objectif de cette politique consiste à diversifier l’économie en dehors du secteur dominant des oléagineux et à introduire une politique de substitution aux importations pour augmenter la production nationale de denrées alimentaires de base de 20 millions de tonnes d’ici 2015.

Selon un rapport de l’USDA [http://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/GON%20Plans%20to%20Introduce%20Import%20Restrictions_Lagos_Nigeria_11-23-2011.pdf – ce lien n’est plus valide], cette politique se traduirait par des restrictions aux importations, à l’heure où le riz importé assure 50% de la consommation domestique actuelle. Une telle orientation irait à l’encontre des efforts de libéralisation engagés par le pays au sein de la CEDEAO, estime l’USDA.

Une autre dimension de cette politique porte sur l’incorporation de 10% de farine de manioc dans la farine de blé avec l’objectif, à long terme, de réduire de moitié les importations actuelles de blé. Or, d’après l’USDA [http://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/Nigeria%E2%80%99s%20New%20Agricultural%20Strategy_Lagos_Nigeria_11-4-2011.pdf – ce lien n’est plus valide], cette tentative de substituer le manioc au blé avait été auparavant menée sans succès, en raison d’une capacité insuffisante de produire de la farine industrielle de qualité, ce qui a conduit à des pénuries. Malgré les avancés industrielles, l’objectif de produire les 350 000 tonnes par an nécessaires serait loin d’être atteint.

Dans le cadre du plan ATAP, le gouvernement prévoit de supprimer les subventions aux engrais accordées aux producteurs au cours des 15 dernières années. L’USDA salue cette décision qui permettrait d’investir les économies réalisées dans les infrastructures rurales. La production de cacao serait, elle, également multipliée par deux, celle du coton par cinq d’ici 2015.

Si l’USDA émet des doutes sur les engagements fermes du gouvernement vis-à-vis des restrictions aux importations qu’il promeut dans sa nouvelle stratégie, les rapports pointent le climat instable des affaires au Nigeria, le sous-investissement agricole et l’insécurité, comme obstacles majeurs au développement agricole.

Hiba El Dahr, Centre d’études et de prospective

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