Scénarios canadiens d’adaptation au changement climatique
Le ministère de l’agriculture canadien, dans le cadre du programme Cultivons l’avenir, a réuni un groupe multidisciplinaire de 60 participants représentant l’ensemble du secteur pour réfléchir à la question de la résilience du système agricole canadien au changement climatique.
Quatre scénarios ont été élaborés sur la base de deux incertitudes : les répercussions du changement climatique seront-elles graduelles ou perturbatrices ? La géopolitique fonctionnera-t-elle de façon fragmentée ou de façon intégrée ?
Étant donné l’horizon temporel, les hypothèses climatiques sont peu contrastées et dans les quatre scénarios, le climat devient plus chaud et plus sec.
Voir un résumé des scénarios :
Scénario « Gagnants et perdants » : les agriculteurs canadiens sont, dans un premier temps, en mesure de s’adapter aux répercussions du changement climatique qui restent modérées. Cependant, avec le temps, l’agriculture canadienne et mondiale subit les effets de conditions météorologiques de plus en plus instables qui ont des répercussions sur la production alimentaire, les marchés, la structure de l’agriculture canadienne et, en définitive, sur l’autonomie du pays.
« Chaleur et famine » : une récession qui perdure et une série de phénomènes météorologiques violents engendrent un cercle vicieux dans l’économie mondiale. Les réserves alimentaires mondiales diminuent et les prix montent. Les effets du changement climatique ayant été considérablement néfastes dans certaines régions, l’affectation des terres a été modifiée. Avec peu de soutien, ces transitions se sont avérées souvent inefficaces et douloureuses.
« Planète résolument verte » : les politiques de protection de l’environnement prennent de l’importance, soutiennent la conversion des déchets en biocarburants et les crédits de carbone pour l’agriculture. En 2030, une approche coordonnée pour s’adapter aux changements climatiques à l’échelle mondiale, y compris les investissements en technologie, a permis à l’agriculture de prospérer. Les agriculteurs ont pu intégrer de nouvelles cultures, de nouvelles variétés végétales et de nouvelles pratiques leur permettant de profiter de la demande pour de nouveaux produits et de nouveaux marchés.
« Résilience imposée » : la progression rapide du changement climatique et les phénomènes climatiques extrêmes entraînent une série de crises, forçant le monde et l’agriculture à s’adapter. À l’échelle internationale, une entente multilatérale suscite la création d’une réserve alimentaire stratégique. À l’échelle nationale, les gouvernements interviennent sur les marchés pour réaffecter les ressources. À l’échelle locale, les agriculteurs diversifient les cultures, introduisent de nouvelles cultures et variétés végétales, trouvent des façons de minimiser le coût des intrants et recherchent de nouvelles sources de revenu, comme le captage du carbone ou les services environnementaux.
Ces scénarios ont ensuite été analysés et traduits en recommandations, dont ressortent 14 mesures à forte efficacité, regroupées en 6 thèmes : rareté des ressources, gestion des risques, nouvelles opportunités, politiques et réglementation, science et innovation, compétitivité durable.
Céline Laisney, Centre d’études et de prospective