Potentiels défauts d’un ajustement carbone à la frontière pour l’agriculture
La revue Q Open a publié en juin 2024 un article traitant des impacts d’un mécanisme d’ajustement carbone à la frontière (MACF) sur les marchés agricoles. Les auteurs simulent l’application d’une taxe carbone de 120 €/tCO2eq sur les émissions (hors CO2) de produits agricoles de l’Union européenne (UE). Ils comparent, à l’horizon 2030, un scénario sans MACF où seules les émissions européennes sont taxées, à un scénario avec MACF où les importations le sont aussi. Un scénario de référence, sans aucune taxation sur les émissions européennes et les importations est aussi simulé. D’après leurs résultats, l’introduction d’un MACF engendrerait une réduction mondiale des émissions plus importante que l’application de la simple taxe sans MACF, et permettrait de contenir les fuites de carbone (figure). Les échanges entre pays tiers augmentant, le MACF ne limiterait toutefois pas complètement la hausse de production hors UE, provoquée par la taxe carbone européenne. En effet, les émissions de certaines zones géographiques (Inde, Afrique), où l’intensité des émissions est plus élevée qu’en Europe, continueraient d’augmenter, même avec le MACF. Par ailleurs, les émissions de l’UE diminueraient moins (-3,9 %) que dans un scénario sans MACF (-5,7 %) dans la mesure où un tel mécanisme augmenterait la compétitivité des produits européens, limitant ainsi les baisses de production dans l’UE, et donc des émissions associées.
Évolution des émissions agricoles (hors CO2) à l’horizon 2030, sous l’effet d’une taxation avec ou sans MACF, par rapport à un scénario de référence sans taxation Source : Q Open
Lecture : Le MACF permet une réduction mondiale des émissions par rapport au scénario sans MACF (-11,8 MtCO2e contre -2,2 MtCO2e). Cependant, les réductions d’émissions de l’UE sont plus importantes dans le scénario sans MACF (barre bleue du graphique a) que dans le scénario avec MACF (barre orange du graphique a).
Source : Q Open