Adaptations aux variations des prix agricoles et alimentaires
Dans le contexte de la fin des négociations commerciales entre transformateurs industriels et enseignes de la grande distribution, plusieurs publications récentes éclairent les enjeux liés aux prix agricoles et alimentaires, qu’il s’agisse des marchés mondiaux ou des achats des consommateurs finaux.
Dans l’ouvrage Durabilité des systèmes pour la sécurité alimentaire. Combiner les approches locales et globales, l’instabilité des prix est reconnue comme l’un des principaux facteurs d’insécurité alimentaire. Bien qu’elle puisse avoir diverses causes, les chocs de production agricole (liés au climat, aux ravageurs et maladies) expliquent une grande part de cette volatilité. Tenant compte de cette situation, les auteurs décrivent de nouvelles méthodes de prévision, plus fiables et moins coûteuses, qui permettraient de mieux anticiper les pénuries de production et ainsi de favoriser l’adaptation des opérateurs sur les marchés. En particulier, certains « pays en développement », dont la politique de sécurité alimentaire repose sur le stockage de céréales, pourraient optimiser leurs stratégies d’achat pour bénéficier de prix plus favorables, tout en limitant le niveau des stocks nécessaires.
Les variations de prix des produits, dans un contexte d’inflation, pèsent aussi sur les consommateurs finaux. Une publication de la Banque de France, sur la base de travaux réalisés par le Crédoc, indique que 30 % des Français ont déjà repoussé ou renoncé à une dépense alimentaire pour limiter leurs incidents bancaires.
Dans La revue économique, C. Bonnet et P. Leveneur mesurent l’impact des décisions et politiques publiques sur les prix, suite à la loi EGAlim 1, qui n’aurait pas eu d’effet significatif sur l’inflation des produits « fonds de rayon » (produits de grande consommation en permanence référencés par un point de vente). Elles exposent les limites de leurs travaux et les pistes de recherche à explorer, par exemple sur les incidences des mesures prises sur les profits des fournisseurs et des distributeurs. Elles mentionnent aussi que ces distributeurs ont développé diverses stratégies pour continuer à attirer les consommateurs.
Enfin, dans une note de la Fondation Jean Jaurès, deux auteurs évoquent la shrinkflation (maintien du prix d’un produit tout en réduisant sa quantité), comme stratégie d’adaptation des industriels à la hausse du prix des matières premières et des coûts de fabrication. Ils rappellent son histoire, les raisons de son utilisation (inflation, intégration des coûts d’innovation, etc.) et pronostiquent que les industriels y recourront plus à l’avenir, face à l’évolution de la consommation.
Amandine Hourt, Centre d’études et de prospective