Démographie de l’Union européenne et impacts sur les émissions de CO2

Un récent rapport du Joint Research Centre (JRC) traite des relations entre démographie et émissions de gaz à effet de serre (GES). Celles-ci résultent en effet pour l’essentiel de la consommation des ménages. L’étude  examine les conséquences possibles du vieillissement de la population sur l’atteinte des objectifs de réduction dans l’Union européenne. Ces travaux ont déjà fait l’objet d’une présentation publique qui peut être visionnée sur le site de la Commission.

Alors que les débats sur la nécessité de limiter la croissance démographique ressurgissent, en raison de l’urgence climatique, les auteurs nuancent tour à tour les hypothèses formulées par les néomalthusiens et leurs opposants. Dans un premier temps, ils travaillent au niveau mondial et appliquent l’équation IPAT de Kaya. Celle-ci explique les émissions de GES par la taille de la population, le produit intérieur brut par habitant, l’intensité énergétique et le contenu en CO2 de l’énergie. Les auteurs mesurent ainsi le degré de couplage entre évolution démographique et émissions. Cette relation s’avère complexe : les niveaux et modes de consommation, les cadres de vie (urbain / rural), l’éducation, l’âge, le développement et l’adoption des technologies, etc., sont autant de facteurs faisant varier les émissions par habitant et pour l’ensemble d’une société. Néanmoins, la réduction drastique des émissions des populations à haut niveau de consommation, et l’adoption d’une croissance bas carbone dans les pays en développement (dont la population augmente), sont indispensables pour atteindre l’objectif de réduction en 2050.

L’analyse est approfondie pour l’Union européenne, en mobilisant des données variées (enquête européenne sur le budget des ménages ; tableaux entrées/sorties), afin de mesurer le lien entre consommation des ménages (dont l’alimentation), lieu d’habitation, niveau de revenu et âge. Si les habitants des zones rurales émettent plus de GES en raison des transports et du chauffage, leur contribution finale est plus faible que celle des urbains du fait d’un niveau de vie inférieur (figure ci-dessous). De la même manière, le vieillissement tend à réduire le niveau de consommation, mais celle-ci se tourne alors vers des biens plus « émetteurs ».

Émissions (absolues et relatives) par type de consommation et degré d’urbanisation
Source : JRC
Lecture : city, town et rural correspondent à la classification internationale des territoires, selon le nombre d’habitants et leur densité par unité territoriale, pour un zone géographique donnée.

Les auteurs concluent le rapport par un exercice de prospective, en s’appuyant sur une évaluation de la sensibilité des individus au changement climatique et de leur propension à adapter leurs modes de vie (régimes alimentaires notamment). Cette évaluation est réalisée à partir d’enquêtes en Europe et dans certains pays d’Afrique. Au total, ce travail leur permet d’identifier des leviers pour réduire l’impact des facteurs démographiques sur le changement climatique : le développement de technologies climatiquement neutres, l’amplification de la pression sociale pour plus de durabilité, une approche prospective de la part des gouvernements.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Joint Research Centre

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