Quels horizons pour l’agriculture et le développement rural en Amérique latine et dans les Caraïbes ?
En février 2020, la Comisión Económica para América Latina y el Caribe (CEPAL), la FAO et l’Instituto Interamericano de Cooperación para la Agricultura (IICA) ont publié un rapport traitant des contributions de l’agriculture et du développement rural à l’atteinte, en 2030, des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. L’analyse fournit d’abord un ensemble de faits et chiffres, par lesquels on apprend que l’Amérique latine et les Caraïbes abritent 50 % de la biodiversité, 57 % des forêts primaires, 31 % de l’eau douce, 33 % des terres cultivables et bénéficient de 29 % des précipitations. Elle décrie aussi les ODD qui seront atteints avant tout grâce au développement structurel du monde rural : « faim zéro », « eau potable », « énergie accessible », etc. (figure ci-dessous).
Le poids du rural dans l’atteinte des ODD
Source : CEPAL-FAO-IICA
Lecture : le vert le plus clair correspond à un objectif très pertinent pour le monde rural ; le vert intermédiaire à un objectif moyennement ou faiblement important ; le vert le plus foncé à un objectif exclusivement rural. Colonne du milieu : objectif à atteindre. Colonne de droite : actions nécessaires pour atteindre les objectifs.
Les auteurs identifient également les actions qui seront nécessaires pour favoriser ce développement du monde rural à l’horizon 2030 : politiques de développement territorial, transformations institutionnelles, investissements dans les emplois agricoles et non agricoles, les infrastructures, la R&D, etc. Ces actions clés devraient rapprocher les conditions de vie des populations urbaines et rurales (protection sociale, services, éducation, santé, etc.), dans un contexte de pression sur les ressources naturelles, de changement climatique et d’incertitudes macroéconomiques et géopolitiques.
La bioéconomie est considérée, dans le rapport, comme un cadre de référence propice à l’articulation et à la consolidation des actions (figure ci-dessous). L’agriculture en constitue le « noyau dur » à partir duquel des chaînes de valeur complémentaires pourront être mises en place (industrie, commerce, services). Cela s’inscrit dans une trajectoire historique, la voie des biotechnologies ayant été empruntée assez tôt par certains pays de la région. Appuyée par des politiques et une coopération public-privé, elle a abouti, par exemple, au développement des filières bioéthanol et biodiesel au Brésil et en Argentine, ainsi qu’à l’essor de l’innovation variétale. Celle-ci s’est concrétisée, entre autres, par le développement d’OGM pour limiter les risques biotiques (maladies bactériennes, fongiques, etc.) et abiotiques (tolérance aux herbicides, à la sécheresse, etc.), de soja à haut degré oléique et bas degré linoléique, de riz à teneur élevée en amylose, etc.
Actions possibles pour l’intensification durable de l’agriculture
Source : CEPAL-FAO-IICA
Hugo Berman, Centre d’études et de prospective
Source : CEPAL