Les exploitations en agriculture biologique plus rentables que les exploitations conventionnelles
Publiée récemment dans Proceedings of the National Academy of Sciences par deux scientifiques de l’université de Washington,une méta-analyse compare les résultats de 44 études sur les coûts, rendements, ratios coûts/bénéfices et valeur de l’actif des productions biologique et conventionnelle. Au total, les données analysées portent sur 55 cultures dans 14 pays issus des cinq continents. L’une des particularités de cette étude est de s’intéresser à la fois à l’échelle de la culture et à celle de la rotation, en incluant les données sur plusieurs saisons, ce qui permet une représentation plus fidèle du profit des agriculteurs.
Lorsque l’on ne tient pas compte des aides, les ratios bénéfices/coûts et les valeurs nettes actualisées en agriculture biologique seraient significativement plus faibles qu’en agriculture conventionnelle. Cependant, en comptabilisant les aides perçues, l’agriculture biologique serait significativement plus rentable et le rapport bénéfice/coût plus élevé (20-24 %). Si les charges globales ne sont pas significativement différentes, celles de main-d’œuvre sont plus élevées en agriculture biologique. Il convient de noter également que les études prises en compte dans l’analyse n’incluaient ni les coûts environnementaux (externalités négatives), ni les services écosystémiques de bonnes pratiques.
Par ailleurs, les prix de vente des productions biologiques, de 29 à 32 % supérieurs à ceux en conventionnel, compenseraient largement des rendements plus faibles (jusqu’à -18%), d’où une rentabilité supérieure de 5 à 7 % pour l’agriculture biologique. Or, selon les auteurs, la rentabilité est le facteur déterminant de l’adoption de ce mode de conduite par les agriculteurs, et ils suggèrent que les politiques en faveur de cette adoption soient renforcées, en particulier pendant la période de transition.
Ces résultats peuvent être comparés avec l’analyse de la Commission européenne, Organic versus conventional farming, which performs better financially?, publiée en novembre 2013 et qui concluait qu’il était difficile de départager conventionnel et bio sur les bases de la performance économique.
Anne-Sophie Wepierre, Centre d’études et de prospective
Sources : PNAS, Commission européenne