Impact du changement climatique en Afrique et en Asie
Intitulé Baissons la chaleur : phénomènes climatiques extrêmes, impacts régionaux et plaidoyer en faveur de l’adaptation, un nouveau rapport de la Banque mondiale détaille les effets du changement climatique sur la production agricole dans trois régions : Afrique subsaharienne, Asie du Sud-Est et Asie du Sud. Cette étude, qui a mobilisé les compétences scientifiques du Potsdam Institute for Climate Impact Research et de Climate Analytics, s’appuie sur des simulations informatiques afin de dresser un tableau précis des fragilités de chaque région.
En Afrique subsaharienne, les chercheurs identifient la question de la sécurité alimentaire comme le défi suprême, en raison des risques de sécheresse, d’inondation, et de la modification des régimes de précipitations. Avec un réchauffement de 1,5 à 2°C, sécheresse et aridité pourraient rendre entre 40 et 80 % des terres agricoles impropres à la culture du maïs, du millet et du sorgho à l’horizon 2030-2040.
Avec 4 degrés supplémentaires, à l’horizon des années 2080, les précipitations annuelles pourraient être réduites dans une proportion atteignant jusqu’à 30% par rapport à la situation actuelle en Afrique australe, tandis que l’Est du continent risque de connaître un phénomène inverse. Le niveau de dioxyde de carbone augmentant, les écosystèmes pastoraux pourraient se modifier (des prairies devenant des savanes boisées par exemple), ce qui risque de réduire la disponibilité de fourrages pour le bétail.
En Asie du Sud-Est, une élévation du niveau des océans de 30 centimètres, attendue dès 2040 si rien n’est fait, provoquerait des inondations importantes dans les villes et gorgerait de sel les champs situés en contrebas, qui deviendraient impropres à la culture. Dans un pays gros producteur de riz comme le Vietnam, une élévation du niveau de la mer de 30 centimètres entraînerait une perte de production d’environ 11%. Dans le même temps, les tempêtes devraient redoubler d’intensité. Le rapport prévient aussi du risque de réduction des prises en mer dans le sud des Philippines, en raison du réchauffement de l’eau et de la destruction des biotopes.
En Asie du Sud, moussons erratiques et vagues de chaleur auront des répercussions sur les cultures. Avec le recul des glaciers himalayens, le débit de fleuves comme l’Indus et le Gange se réduira, ce qui pourrait priver des centaines de millions d’habitants de sources suffisantes d’eau et de nourriture.
Céline Laisney, Centre d’études et de prospective
Source : Banque mondiale