Performances comparées des exploitations

L’OCDE vient de publier un rapport sur les performances économiques comparées des exploitations de neuf pays ou régions (l’Allemagne, l’Angleterre, l’Australie, le Canada, les États-Unis, l’Estonie, la Flandre en Belgique, l’Italie et les Pays-Bas).

La performance y est étudiée par le biais de 5 indicateurs (sur la période 2004-2009 hormis 2005) :

  • le ratio output/input, qui correspond à la valeur de la production agricole rapportée aux dépenses agricoles (celles-ci correspondent aux charges fixes et aux charges variables hors dotations aux amortissements) ;
  • la capacité d’autofinancement (différence entre la valeur de la production agricole sans aides et les dépenses) ;
  • la capacité d’autofinancement rapportée à l’unité de travail agricole (familial et salarié) ;
  • la capacité d’autofinancement rapportée à l’unité de surface ;
  • la capacité d’autofinancement rapportée aux capitaux propres.

 Cette étude révèle une grande variabilité pour chacun de ces quatre indicateurs tant au sein d’un pays, d’un secteur, qu’entre les pays étudiés. Les auteurs en concluent qu’il existe des sources importantes d’amélioration de l’efficacité économique des exploitations.

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 Une analyse factorielle montre que la grande taille des exploitations (il s’agit des exploitations associant une surface importante, une valeur de production élevée et des hauts niveaux d’investissements) est un facteur de performance économique pour la plupart des pays et des secteurs étudiés, notamment en élevage laitier et en grandes cultures. Il y aurait donc la possibilité de réaliser des économies d’échelle.

Cependant, ces propos peuvent être nuancés au vu de la dispersion des indicateurs. Ainsi les exploitations laitières australiennes, canadiennes et estoniennes les moins performantes (c’est-à-dire les 25 % d’exploitations dont le niveau de l’indicateur est le plus faible) occupent des surfaces en moyenne plus grandes que les plus performantes (qui correspondent aux 25% d’exploitations dont le niveau d’indicateur est le plus élevé). Par ailleurs, l’étude montre que les exploitations les plus « performantes » ont très souvent un chef d’exploitation jeune ayant un niveau d’éducation élevé.

La comparaison du montant des paiements directs perçus indique que les exploitations les moins performantes reçoivent le plus souvent des aides directes supérieures. Les auteurs du rapport considèrent que ces dernières freinent d’éventuels ajustements structurels, mais ils concèdent néanmoins qu’elles peuvent être justifiées par les performances environnementales et/ou sociales de ces exploitations.

Ce rapport, qui contient des éléments de comparaison internationale intéressants, comporte néanmoins quelques limites. En effet, les indicateurs ne sont pas totalement comparables d’un pays à l’autre étant donné les différences de construction des enquêtes statistiques servant de base à l’analyse. De plus, les dépenses agricoles ne prennent pas en compte le coût des terres en propriété, de la main-d’œuvre familiale ni la rémunération des capitaux propres, alors que les loyers des terres en location et les salaires versés sont eux inclus, ce qui amène à surestimer les performances économiques des exploitations familiales et/ou dont la majeure partie des terres est exploitée en faire-valoir direct. Enfin, comme le précisent les auteurs, les analyses présentées ici montrent des corrélations entre certaines variables structurelles et le niveau de performance économique des exploitations qui ne doivent pas être interprétées comme des liens de causalité. Les analyses seraient à compléter par des comparaisons quant aux performances environnementales, sociales et territoriales des exploitations.

Anne-Sophie Wepierre, Centre d’études et de prospective

Source : OCDE

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