Perspectives de l’éthanol brésilien
Selon une étude publiée par Rabobank, l’industrie brésilienne ne tirera pas des bénéfices immédiats des nouvelles orientations politiques (abolition des mesures de soutien) sur le marché de l’éthanol aux États-Unis. En raison d’un fort ralentissement dans la production de canne et des perspectives incertaines pour la croissance de cette production, le Brésil devrait en effet connaître des difficultés à satisfaire sa propre demande intérieure.
Mis à part les facteurs climatiques ayant affecté la production dans le passé, les problèmes structurels qui handicaperont le marché en 2012/2013 sont liés au manque de rénovation des champs de canne, avec des conséquences négatives sur la productivité des cultures dans les prochaines années.
Pour les industriels brésiliens, l’arbitrage entre production de sucre et celle d’éthanol dépendra des niveaux des prix du sucre sur les marchés internationaux, du taux de change real/dollar et du prix de l’éthanol sur le marché domestique.
Défis et opportunités pour le marché de l’éthanol aux États-Unis au-delà de 2012
Selon l’étude de Rabobank, la croissance de l’offre en éthanol à base de maïs va ralentir au cours des prochaines années, étant donné que les taux d’incorporation obligatoires dans l’essence diminuent. Remplir le mandat d’incorporation actuel devrait s’avérer de plus en plus difficile pour deux raisons : une plus faible consommation d’essence, et une pression accrue sur les marchés des céréales notamment du maïs, contribuant à la volatilité des prix. Malgré le ralentissement de la croissance sur le marché de l’éthanol à base de maïs, les États-Unis n’ont pas été en mesure d’accroître leur production d’éthanol cellulosique ou de carburants alternatifs tels que le biodiesel ou l’éthanol à base de sucre.
Défis et opportunités pour le marché de l’éthanol Brésilien au-delà de 2012
Selon les estimations actuelles, un minimum de 3 ans serait nécessaire pour que le secteur puisse se rapprocher de sa capacité maximale de production. Environ 130 millions de tonnes de canne supplémentaires par rapport à la production de 2011/12 seraient requis pour fournir en 2015/16 suffisamment d’éthanol au marché du flex-fuel pour maximiser l’utilisation de sa capacité actuelle. Par ailleurs, l’investissement dans des installations existantes pourrait (par rapport à la création de nouvelles unités de production) fournir entre 62 à 125 millions de tonnes supplémentaires. L’étude prévoit en 2015/16 des opportunités pour le Brésil d’exporter de l’éthanol aux États-Unis.
En même temps, selon Rabobank, l’incertitude concernant le prix de l’essence (dont les prix restent administrés) impactera largement l’avenir des investissements dans l’industrie de la canne. Ceci représente un problème crucial pour le marché de l’éthanol hydraté qui est un substitut à l’essence et dont les ventes restent très sensibles à l’évolution de son prix.
D’après Rabobank, les années à venir verront les investissements s’orienter vers le secteur de l’éthanol plutôt que celui du sucre. La volonté du gouvernement brésilien de développer ce secteur pourrait se traduire, au-delà de 2012, par des interventions (taxation des exportations d’éthanol ou même de sucre) ou par la mise en place à moyen ou long terme de mesures d’incitation (comme la construction de nouvelles unités de production).
Source : Rabobank
Hiba el Dahr, Centre d’études et de prospective