Réduction des pesticides en France : quels impacts ?

Cette étude, menée à la demande des Ministres de l’agriculture et de l’environnement et coordonnée par l’INRA, propose un état des lieux sur l’utilisation des pesticides en France métropolitaine, et sur les connaissances disponibles concernant les effets agronomiques et économiques d’une réduction de leur usage en agriculture.

L’INRA a mobilisé à cet effet des données et connaissances d’origines variées. A cette fin, environ 80 chercheurs, ingénieurs, spécialistes de  terrain et techniciens agricoles ont travaillé en groupes. A partir des données agronomiques et économiques disponibles, des modèles ont permis de simuler les effets, en termes de production, marges et IFT (Indice de fréquence de traitement), d’une généralisation de certaines stratégies économes en pesticides ou d’une combinaison, en grandes cultures, de plusieurs types de stratégies.

Des scénarios ont été réalisés en appliquant aux régions, puis à l’ensemble du territoire métropolitain, un même niveau de rupture. Ces scénarios correspondent à des simulations technico-économiques à l’échelle nationale, qui ne prennent pas en compte les freins à l’adoption de certaines techniques, ni le comportement des acteurs face aux risques et aux changements.

Les résultats font apparaître que l’engagement du Grenelle de l’environnement de réduire les pesticides de moitié en moyenne par rapport au niveau actuel impliquerait le passage de la totalité de l’agriculture française en production intégrée, et engendrerait des baisses de production (en valeur) estimées à 12% en grandes cultures, 24% pour la viticulture et 19% pour les fruits.

Un objectif de réduction autour de 30% serait possible avec des changements de pratiques substantiels, mais sans bouleversement majeur des systèmes de production, et avec des effets sur les niveaux de production et les marges variables selon les secteurs de production et les niveaux de prix. En grandes cultures, qui représentent la majorité des surfaces et de l’utilisation des pesticides, les marges seraient peu ou pas touchées dans le contexte de prix de 2006, mais une baisse de production d’environ 6% serait observée.

L’étude propose en outre un schéma pour un réseau d’acquisition et de diffusion de références agronomiques allant d’expérimentations innovantes à l’adoption dans des fermes pilotes, et complété par un système d’information permettant de coordonner et consolider l’acquisition de connaissances, et d’en assurer la diffusion.

image_pdfimage_print