L’impact des pesticides sur la santé humaine
Un rapport publié par l’Agence européenne de l’environnement, en avril 2023, s’intéresse à l’utilisation des pesticides dans l’Union européenne (UE) et propose une synthèse des connaissances scientifiques sur leurs impacts sur la santé humaine.
La production agricole dépend largement des pesticides, même si leur utilisation s’étend à d’autres secteurs (transport ferroviaire, parcs publics). Si les statistiques européennes concernant ces usages ne seront annuelles qu’à partir de 2028, celles relatives aux ventes le sont depuis 2011. Ces ventes sont stables (environ 350 000 tonnes par an), en dépit de variations nationales : elles diminuent dans 11 États membres, dont le Danemark, mais augmentent en Allemagne et en France entre 2011 et 2020.
Les composants de ces pesticides et la manière dont ils sont employés font peser des risques sur la santé humaine et les écosystèmes. En 2020, des pesticides ont été détectés au-dessus des seuils de qualité dans 22 % des rivières et des lacs surveillés en Europe (figure ci-dessous).
Pourcentage de sites de surveillance déclarés où la concentration en pesticides dépasse les seuils de qualité dans les eaux de surface (gauche) et les eaux souterraines (droite) en Europe, pondéré par la superficie de l’État membre
Source : Agence européenne de l’environnement
Outre leur impact environnemental, les pesticides ont des conséquences pour la santé humaine. La principale source d’exposition est l’alimentation, en raison des résidus présents sur certains aliments. Elle peut être aussi liée à l’activité professionnelle, à l’image des travailleurs agricoles qui exposent eux-mêmes et leurs familles, par exemple en rapportant des pesticides à domicile sur leurs vêtements. Une étude conduite entre 2014 et 2021, dans cinq pays européens, a montré qu’au moins deux pesticides étaient présents dans les organismes de 84 % des participants, avec un niveau plus élevé chez les enfants. En revanche, la consommation de fruits et légumes biologiques est associée à des concentrations plus faibles dans le corps humain, comme l’a démontré une étude réalisée dans le cadre du projet Organiko LIFE+.
Selon les auteurs, atteindre les objectifs relatifs aux pesticides de la stratégie Farm to Fork (ex. 25 % de la surface agricole utilisée en agriculture biologique), tout en conservant de hauts niveaux de rendements, nécessiterait d’adopter d’autres modèles agricoles, à l’instar de l’agro-écologie.
Johann Grémont, Centre d’études et de prospective
Source : Agence européenne de l’environnement