Face à un risque d’incendies croissant, la prévention en question

2022 a été marquée par des incendies de forêts de grande ampleur, dans diverses régions du globe, et de nombreuses publications traitent de ce sujet. Tout d’abord, selon de nouvelles données compilées par Global Forest Watch, le World Resources Institute et l’université du Maryland, et publiées en août 2022, les pertes de couvert arboré dans le monde imputables aux incendies ont triplé en 20 ans. Elles ont atteint 9 millions d’hectares (Mha) en 2021 (figure ci-dessous). Le feu est responsable de près de 40 % du recul du couvert forestier, devant d’autres facteurs tels que l’agriculture et l’urbanisation. Le changement climatique est l’une des hypothèses expliquant l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des feux : allongement de la période à risque d’incendie ; asséchement de la végétation ; fragilisation des écosystèmes, avec une mortalité accrue d’arbres victimes de pathogènes qui fournissent plus de combustible, etc.

La perte de couvert arboré due au feu dans le monde en 2021
Source : Global Forest Watch
Lecture : en vert, le couvert arboré ; en rouge, les surfaces arborées détruites par le feu.

Dans ce contexte, le Centre commun de recherche (JRC) a récemment mis en place une méthode pour calculer un indice de risque incendie en Europe. Il croise la probabilité de leur occurrence avec la vulnérabilité du territoire (densité, écosystèmes, économie), pour identifier les zones les plus exposées à un moment donné.

Par ailleurs, l’émission Géographie à la carte de France Culture (01/09/2022) revient sur la vulnérabilité à l’incendie du massif landais (1 Mha), en partie liée à une urbanisation croissante (carte ci-dessous). L’imbrication des habitations et de la forêt augmente les risques de départs de feux (pour la plupart d’origine humaine) et complique la lutte en amenant les pompiers à se concentrer sur de multiples zones habitées pour protéger les populations. Le mitage du massif a ainsi rendu moins opérants les dispositifs de prévention et de lutte qui avaient fait leur preuve au cours des décennies précédentes. Face à l’allongement de la période à risque et à l’élargissement de la zone à surveiller, la question de la pertinence des dispositifs de prévention actuels se pose, comme le rappelait l’émission La terre au carré (France Inter) en mai dernier.

L’urbanisation dans le massif landais, facteur aggravant du risque incendie
Source : France Culture

De même, l’analyse récemment publiée dans Nature montre que les surfaces détruites de forêts européennes ont été réduites dans la période 1950-2000, grâce à des moyens de prévention adaptés, mais que ceux-ci seraient insuffisants à l’avenir. La fonction de puits de carbone des forêts européennes serait alors remise en cause. Consacré lui aussi à la prévention, un récent rapport du Sénat recommande notamment d’adapter les essences retenues, lors de la restauration des forêts, pour les rendre résilientes après les incendies. En effet, même après des mégafeux comme en Australie en 2019-2020, la forêt peut se régénérer.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

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