Les assurances récoltes américaines ont-elles un impact sur les systèmes de cultures et l’environnement ?

Dans un article publié dans l’édition d’avril de l’American Journal of Agricultural Economics, des chercheurs américains ont analysé l’impact des assurances récoltes (federal crop insurances) sur l’usage des terres, les systèmes de production et la qualité de l’environnement dans la région de la corn-belt aux États-Unis.

Pour cela, ils ont construit un modèle de prédiction des choix d’allocation des terres entre différents usages (culture, pâturage ou conservation) et cultures (maïs, soja, blé ou fourrages). Ce modèle repose sur l’utilisation de données récoltées à différents niveaux : parcellaire (usage actuel des terres, caractéristiques physico-chimiques), cantonal (rendements, prix des terres, etc.) et régional (prix des locations des terres, coûts de production). La comparaison des estimations obtenues avec ou sans assurance a ensuite permis d’évaluer l’impact de celle-ci sur la conversion des terres non-agricoles et l’orientation des cultures.

Les résultats montrent que les assurances ont un impact faible sur la conversion de terres non-agricoles : les surfaces allouées aux cultures augmentent de 0,06 % avec les assurances, tandis que celles allouées à la conservation et au pâturage diminuent de 0,42 % et 0,28 % respectivement. Toutefois, elles impactent plus fortement les choix de cultures, les surfaces de blé diminuant par exemple de 8,16 % lorsqu’une assurance est disponible.

Ces estimations ont ensuite été combinées à des modèles biophysiques pour déterminer l’effet des assurances sur l’environnement, en particulier sur l’écoulement et le lessivage des nitrates dans le sol, l’érosion des sols par l’eau et le vent, et la séquestration du carbone. Les résultats montrent que les changements de systèmes de cultures générés par les assurances ont un faible (mais négatif) impact sur la qualité de l’environnement. Une augmentation de 4 % de l’érosion éolienne des sols représente l’impact principal. Comme le nuancent les auteurs, ces effets pourraient varier fortement d’une région à une autre. Des travaux de recherche complémentaires, visant à identifier les zones à fort potentiel d’impacts, seraient utiles, afin de concevoir des programmes d’assurance qui soient à la fois plus efficaces économiquement et bénéfiques pour l’environnement.

Estelle Midler, Centre d’études et de prospective

Source : American Journal of Agricultural Economics

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