Angus Deaton, prix « Nobel » d’économie 2015, également connu pour ses travaux sur le stockage de produits agricoles
Le prix 2015 de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel a été remis à Angus Deaton « pour son analyse de la consommation, de la pauvreté et du bien être ». Il s’était également intéressé à la formation des prix agricoles et aux dispositifs de stockage dans une série de travaux avec Guy Laroque au début des années 1990.
Ces travaux, largement repris en économie agricole, voulaient tester la validité de l’hypothèse des anticipations rationnelles en cherchant à reproduire une dynamique de prix et à la comparer avec les prix observés sur 13 matières premières sur longues périodes. Le modèle utilisé avait la particularité de chercher à représenter un agent économique qui, capable d’anticiper l’ensemble des comportements des autres acteurs, tire profit des fluctuations des prix en stockant en cas de prix bas et en revendant en cas de prix élevé, et ainsi stabilise les marchés. Les résultats de l’analyse économétrique des séries de prix issus du modèle sont jugés satisfaisants quant à la représentation de la volatilité et l’existence de crises expliquées par le fait que les stocks ne peuvent pas “devenir négatifs”. En revanche, Pour d’autres, il est possible d’expliquer la volatilité des prix par les erreurs d’anticipation des agents et non seulement par des chocs exogènes (théorie de la volatilité endogène). Pour eux, les travaux de Deaton et Laroque présentent l’intérêt de mettre en évidence l’importance du stockage pour stabiliser les prix (la variance des prix baisse de 30 à 60 %) mais ils considèrent comme irréaliste le fait que des acteurs privés puissent opérer cette stabilisation : en période de tension sur les prix les agents économiques ont plutôt tendance à conserver leurs stocks pour profiter de la hausse. Là aussi l’implication politique est directe : les marchés ne s’auto-régulent pas et nécessite des régulations intelligentes. Frédéric Courleux, Centre d’études et de prospective Sources : The royal Swedish Academy of Sciences, Review of Economic Studies