La « résilience territoriale », un concept utile pour comprendre les effets de la crise économique dans les zones rurales
Si la crise économique constitue un frein au développement des zones rurales au sein de l’UE, son impact s’est révélé être de nature fort différente entre les territoires. C’est pourquoi les débats sur le développement rural tendent aujourd’hui à être moins centrés sur la notion de croissance, pour s’intéresser à des phénomènes d’une autre nature : la résistance ou la réponse des territoires aux chocs extérieurs. Des chercheurs de l’université de Cordoue, en Espagne, ont ainsi mis en place une méthodologie permettant d’identifier les facteurs qui contribuent à la résilience des territoires ruraux d’Andalousie. Ils en présentent les résultats dans un article publié dans Economía Agraria y Recursos Naturales. Avec un niveau de chômage qui atteint 35 %, l’Andalousie, région la plus méridionale d’Espagne, est aussi l’une des plus impactées par la crise économique.
La « résilience » est un concept issu des sciences écologiques, qui a été adapté afin d’étudier la capacité des systèmes complexes à se préparer, résister ou s’adapter à des chocs extérieurs, tels que les crises, les catastrophes naturelles ou le changement climatique. L’originalité des travaux de ces chercheurs réside dans l’application de ce concept aux territoires ruraux. Adapté au champ du développement rural, la résilience est définie par les auteurs comme la capacité d’un territoire à supporter des chocs extérieurs, à se réorganiser, puis à apprendre et à s’adapter à long terme.
Afin d’étudier les facteurs de résilience, les chercheurs s’appuient sur une analyse des ressources du territoire, des acteurs, de leurs interactions et de leur gouvernance. Sont également pris en compte divers facteurs susceptibles d’impulser des dynamiques de changement, tels que le capital économique (infrastructures, innovation, etc.), le capital humain (éducation, démographie, etc.), le capital social (degré de coopération entre les acteurs), le capital culturel (identité, participation citoyenne, etc.) et enfin le capital naturel (qualité de l’environnement, paysages, etc.).
Les auteurs concluent que l’agriculture a joué un rôle essentiel dans la résilience des territoires étudiés face à la crise. Devenue un secteur refuge, elle a absorbé la main-d’œuvre issue des secteurs en crise en augmentant le nombre d’actifs, en particulier parmi les jeunes. Mais l’étude souligne également l’impact positif des programmes de développement rural sur la résilience, en particulier lorsque ceux-ci ont renforcé la capacité institutionnelle des acteurs et la gouvernance du territoire. Les auteurs en concluent que le renforcement de la résilience des territoires ruraux dépend de la capacité à construire des stratégies intégrées, mobilisant de manière coordonnée les différentes politiques (agricole, rurale, territoriale) et les divers fonds.
Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective
Source : Université de Cordoue [http://aeea.webs.upv.es/aeea/ficheros/Revistas/EARN14%281%29/2Cap.pdf – ce lien n’est plus valide]