Les États membres et la Commission ne sont pas en capacité de démontrer les résultats de la politique de développement rural, selon la Cour des comptes européenne

« La Commission et les États membres peuvent-ils démontrer la bonne utilisation du budget alloué par l’UE à la politique de développement rural ? » C’est la question que pose la Cour des comptes européenne dans son rapport spécial n°12, publié le 22 novembre 2013. Selon ce rapport, le système de suivi et d’évaluation mis en place depuis 2007 n’a pas permis de rendre compte des résultats atteints au regard des objectifs fixés, et ne peut donc pas garantir une gestion efficace, efficiente et économe du budget de l’UE, selon le principe de « bonne gestion financière ».

Pour la période 2007-2013, l’UE a consacré près de 100 milliards d’euros à ce que l’on appelle communément le « deuxième pilier de la PAC ». Les États membres ont mobilisé de leur côté 58 milliards d’euros de co-financements nationaux. Définie par le règlement (CE) n°1698/2005, la politique de développement rural est mise en œuvre au sein de « programmes de développement rural » (PDR) définis par les États membres et approuvés par la Commission.

Les auditeurs constatent des insuffisances dans le système de suivi et d’évaluation, devant en principe permettre de rendre compte des résultats atteints, notamment grâce à un ensemble d’indicateurs spécifiques. Selon la Cour, les informations transmises par les États membres se sont révélées peu fiables et les indicateurs utilisés parfois non pertinents. Le manque de précision des objectifs des PDR n’a pas non plus facilité le suivi de leurs effets. Les auditeurs reprochent aux États et à la Commission de s’être « trop focalisés sur l’exécution du budget consacré au développement rural et pas assez sur l’obtention de résultats de manière efficiente ». Par exemple, les cibles relatives à chaque objectif résultent plus d’une estimation des résultats potentiels, à partir du budget disponible, que d’une analyse des besoins en matière de politique publique. Elles ont en outre été modifiées en cours de programmation pour mieux correspondre aux résultats escomptés. La Cour constate enfin que les informations disponibles – même parcellaires – ont été trop peu utilisées dans les évaluations des États membres et de la Commission.

Finalement, la Cour recommande d’améliorer le suivi et l’évaluation et de mettre plus l’accent sur les résultats pour le reste de la période de programmation actuelle. Elle demande qu’une place centrale soit accordée à l’efficacité et à l’efficience, dans le cadre de l’évaluation de la programmation 2014-2020, et que les États membres et la Commission affichent plus clairement les mesures prises en réponse aux conclusions des évaluations réalisées.

Clément Villien, Centre d’études et de prospective

Source : Cour des comptes européenne

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