Réduction des herbicides : 10 ans d’essai à l’INRA

Depuis 2000, l’Inra a mis en place sur le centre de Dijon Epoisses une expérimentation sur des systèmes de culture avec usage réduit en herbicides. Ces systèmes sont basés sur la protection intégrée des cultures, qui repose sur une combinaison de leviers techniques limitant le potentiel de développement des adventices et permettant de réduire l’usage des herbicides. Ces leviers sont les suivants :

– raisonnement du travail du sol pour gérer le stock de semences,

– adaptation des dates de semis pour esquiver les levées d’adventices,

– choix de variétés compétitives,

– désherbage mécanique au cours du cycle cultural pour détruire les plantules déjà levées,

– et le principal levier : diversification des successions de cultures, avec introduction de cultures de printemps (tournesol, sorgho, etc.) et de cultures étouffantes vis-à-vis des mauvaises herbes (triticale).

Les résultats de 10 ans d’essais montrent que la combinaison de ces différents leviers permet de maîtriser les adventices de façon satisfaisante, tout en ayant très peu recours aux herbicides. Certains leviers sont toutefois difficiles à mettre en œuvre dans les exploitations : les systèmes de culture sont en effet plus complexes et plus difficiles à gérer ; ils peuvent générer des problèmes d’organisation du travail. Ils engendrent une baisse de rentabilité économique estimée par l’Inra à 100 euros/ha en contexte de prix moyens, en grande partie due au manque de productivité et de débouchés des cultures de diversification.

Ainsi, la question de la rentabilité des cultures de diversification, ainsi que celle de l‘accompagnement des agriculteurs et des acteurs du développement agricole seront déterminantes dans la réduction collective des usages d’herbicides.

L’expérimentation va se poursuivre afin de vérifier que la maîtrise des adventices peut être maintenue à plus long terme et afin d’étudier les impacts des systèmes de cultures à bas niveau d’herbicides sur d’autres critères (biodiversité, qualité de l’eau, etc.).

 

Noémie Schaller, Centre d’études et de prospective

 

Source : INRA


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