Le monde entre dans une nouvelle époque géologique : l’Anthropocène

Caractérisée par l’impact de l’activité humaine à présent visible dans les couches géologiques, une nouvelle époque géologique, « l’Anthropocène », aurait commencé avec l’industrialisation de l’agriculture au début du XXe siècle.

Après le magazine National Geographic en mars 2011, The Economist du 28 mai 2011 fait sa « une » sur la reconnaissance d’une nouvelle époque géologique. Au-delà des discussions scientifiques commencées il y a dix ans sur l’opportunité d’introduire une nouvelle époque dans la période géologique du Quaternaire, la reconnaissance croissante par la communauté scientifique d’un Anthropocène est importante car cette nouvelle période géologique est définie par l’activité de l’Homme. Notre empreinte serait à présent visible dans les phénomènes géologiques, dont la portée est généralement de l’ordre du million d’années.

Les couches géologiques sont définies par leur contenu stratigraphique. L’Anthropocène serait caractérisé par les nombreux fossiles d’artéfacts humains que trouveront les géologues du futur :

  • des indices évidents comme les matériaux que l’Homme rejète dans son environnement (objets de la vie quotidienne, traces d’infrastructures humaines, etc.) ;

  • les restes fossiles des espèces domestiquées par l’Homme (animaux d’élevage, plantes alimentaires, d’ornement et forestières), mais également des espèces animales et végétales qui se sont adaptées aux milieux naturels de plus en plus anthropisés.  ;

  • les indicateurs plus subtils d’une modification par l’Homme des équilibres atmosphériques et géologiques (minéraux caractéristiques d’une plus forte concentration de dioxyde de carbone atmosphérique et océanique).

 D’après The Economist l’Anthropocène a commencé par un événement qui a marqué l’histoire du développement agricole mondial. En 1909, l’Allemand Fritz Haber découvre un procédé artificiel d’hydrogénation de l’azote atmosphérique pour le transformer en ammoniac, élément précurseur des engrais azotés synthétiques. Ces derniers ont permis de multiplier les rendements agricoles mais le procédé a également modifié la balance du cycle naturel de l’azote, dont on trouve déjà des indices dans les couches géologiques superficielles.

Source : The Economist et National Geographic Magazine

 

Jo Cadilhon, Centre d’études et de prospective

 

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