Au niveau mondial, les femmes déclarent être plus exposées à l’insécurité alimentaire que les hommes

Dans un article publié en janvier 2019 sur le site de la revue Food Policy, une chercheuse américaine étudie le lien entre genre et insécurité alimentaire (IA). Plus particulièrement, elle se pose trois questions : les femmes sont-elles plus exposées à l’insécurité alimentaire que les hommes ? Dans quelles régions du monde trouve-t-on les plus fortes inégalités ? Celles-ci peuvent-elles s’expliquer par des caractéristiques socio-démographiques différentes entre hommes et femmes ?

Pour y répondre, l’auteure a utilisé les résultats, pour 2014, du sondage mondial de la société Gallup (Gallup World Poll), qui interroge chaque année par téléphone, sur des thèmes variés, un millier de personnes dans 147 pays (soit 132 980 individus en 2014). Les données déclaratives ainsi collectées permettent d’évaluer l’insécurité alimentaire vécue selon l’échelle FIES, définie par la FAO, et de classer les répondants en trois groupes : faiblement, modérément et fortement exposés (allant donc d’une simple inquiétude quant à la possibilité de se nourrir à de réelles situations de faim). Ces éléments sont ensuite analysés à l’aide de méthodes statistiques et économétriques.

Taux de prévalence relatif « d’insécurité alimentaire modérée » pour les femmes par rapport aux hommes en 2014, d’après les réponses au Gallup World Poll

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Source : Food Policy

Lecture : est représenté, pour chaque pays, le ratio des taux de prévalence d’insécurité alimentaire modérée femmes / hommes, calculé d’après les réponses au sondage ; un ratio supérieur à 1 correspond à une surexposition des femmes.

Les résultats montrent que, au sein d’un même pays, les différences de taux de prévalence entre hommes et femmes peuvent atteindre jusqu’à 19 points. Comme l’illustre la figure ci-dessus, en France, le taux de prévalence d’insécurité alimentaire modérée des femmes est 1,25 à 1,5 fois plus fort que celui des hommes. Pour une exposition faible ou forte à l’insécurité alimentaire (autres cartes disponibles dans l’article), l’écart est de plus de 50 %, toujours en défaveur des femmes. À l’échelle mondiale, des différences existent entre pays, et selon que l’on s’intéresse aux individus faiblement, moyennement ou fortement exposés.

L’auteure identifie plusieurs facteurs expliquant ces écarts de prévalence : différences de statut d’emploi (qui en expliquent 10 %), de niveau d’éducation (5 %), de revenu (25 %), de statut marital (10 %) et d’accès à un réseau social (15 %). Ils n’expliquent cependant pas tout et, même à caractéristiques égales, une femme européenne conserve une probabilité plus élevée (de 2,4 points) qu’un homme de vivre dans une situation d’insécurité alimentaire « faible ». Cela pourrait provenir de différences dans l’allocation des ressources alimentaires au sein des foyers ou dans les déclarations faites du sentiment d’insécurité alimentaire. Cette analyse suggère que des politiques publiques ayant pour but d’améliorer l’accès des femmes à l’éducation et à des emplois bien rémunérés pourraient avoir des effets positifs sur la sécurité alimentaire.

Estelle Midler, Centre d’études et de prospective

Source : Food Policy

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