Robots de traite et pâturage
L’Institut de l’élevage a organisé le 10 octobre dernier, une journée de réflexion sur le robot de traite et ses impacts sur les systèmes laitiers. Dans quelle mesure robot et pâturage sont-ils compatibles ? Associer une technologie industrielle, « productiviste », qui va dans le sens d’une artificialisation et d’une intensification de l’élevage, et une pratique « extensive » qui trouve habituellement plutôt sa place dans des stratégies d’écologisation de l’agriculture, ne va pas de soi.
La mise en service d’un robot de traite nécessite en premier lieu de repenser le système fourrager et la circulation des animaux vers le robot (contrainte d’accessibilité). Souvent, l’éleveur cherchera à optimiser l’utilisation du robot (travail en limite de capacité), l’investissement restant très lourd et délicat à rentabiliser. Enfin, l’achat du robot doit permettre de réaliser des « objectifs de vie » : réduire l’astreinte de la traite, libérer du temps pour diversifier les activités et aménager un temps pour soi, etc. Les réorganisations du travail se font presque toujours dans le sens d’une concentration des activités à l’intérieur des bâtiments, ou dans les entours immédiats du corps de ferme. La technologie semble ainsi pousser à la sédentarisation du troupeau.
Avec beaucoup d’originalité, le programme CASDAR « Robot et pâturage » a mené une enquête approfondie auprès d’un échantillon d’agriculteurs qui n’ont pas abandonné le pâturage lors de l’installation du robot. Les éleveurs qui cherchent à concilier de façon poussée robot et pâturage sont peu nombreux, au point qu’il a été difficile de constituer un échantillon. Le programme a aussi permis de tester des solutions expérimentales (robot mobile, embarqué dans une caravane ou placé sur une station d’accueil à l’extérieur). Leur coût par rapport à des solutions déjà bien éprouvées comme la traite mobile, et l’accumulation de difficultés logistiques (astreintes de maintenance du robot sous la pluie, etc.) peuvent faire douter de leur réplicabilité chez les agriculteurs. En tout cas, l’acquisition de références technico-économiques permet de mieux cerner les ressorts de diffusion et les effets socio-territoriaux de cette innovation, en plein boom depuis dix ans.
Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective
Source : IDELE