Prospective sur l’utilisation des antimicrobiens en aquaculture à horizon 2030

96 % des antimicrobiens les plus utilisés en aquaculture sont classés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme très importants ou d’importance critique pour la médecine humaine. Leur usage pouvant entraîner l’apparition de résistances et leur remplacement par d’autres molécules étant très limité, un article de décembre 2020 publié dans Nature projette l’évolution de leurs emplois à horizon 2030. Pour ce faire, les auteurs partent des taux d’utilisation mis en évidence dans la littérature et des perspectives de croissance de la production aquacole élaborées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

L’aquaculture ne représentait en 2017 que 6 % des consommations d’antimicrobiens, contre 21 % en médecine humaine et 74 % pour l’élevage d’animaux terrestres. Ces proportions devraient rester stables en 2030, malgré une potentielle augmentation de 33 % des volumes d’antimicrobiens utilisés en aquaculture. En équivalent biomasse (mg/kg), l’aquaculture utiliserait toutefois à cette échéance 80 % d’antimicrobiens de plus que la médecine humaine et 18 % de plus que pour l’élevage.

Projection de la consommation annuelle d’antimicrobiens (tonnes) selon sa destination

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Source : Nature

Lecture : en gris la médecine humaine, en vert le bétail, en orange la volaille, en rose les porcins, en bleu foncé l’aquaculture. Les pointillés représentent l’intervalle de confiance pour l’aquaculture.

Consommant en 2017 près de 94 % du volume mondial d’antimicrobiens en aquaculture (58 % pour la Chine et 11 % pour l’Inde), l’Asie et le Pacifique devraient conserver cette part en 2030, alors que celle de l’Afrique augmenterait (de 2,3 à 2,6 % du volume total) et celle de l’Europe diminuerait légèrement (de 1,8 à 1,7 %). Les plus fortes croissances s’observeraient au Brésil (94 % d’augmentation), en Arabie Saoudite (77 %), en Australie (61 %), en Russie (59 %) et en Indonésie (55 %), ces pays étant susceptibles de représenter alors 11,5 % des volumes employés en 2030.

Par ailleurs, la vaccination préventive et la sélection des espèces ont montré leur efficacité pour réduire l’utilisation d’antimicrobiens dans les élevages. Dans les pays en voie de développement, acteurs majeurs de ce secteur, l’accessibilité financière des solutions est un objectif fort. Selon les auteurs, la création de structures chargées du suivi des usages permettrait de mieux identifier les risques dans un pays donné et de mettre en œuvre des mesures d’interventions ciblées.

Aurore Payen, Centre d’études et de prospective

Source : Nature

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