Recommandations alimentaires et durabilité environnementale

Publié en décembre 2022 dans la revue The Lancet Planetary Health, un article passe en revue les recommandations alimentaires officielles de 83 pays et évalue leur prise en compte de la durabilité environnementale. De manière générale, les auteurs rappellent l’intérêt d’avoir des politiques alimentaires « holistiques », par exemple dans une perspective One Health, alors que les actions publiques nutritionnelles sont à l’heure actuelle principalement centrées sur la santé.

95 pays (regroupant 76 % de la population mondiale) disposent de recommandations alimentaires, et les auteurs ont pu analyser 83 situations au regard des 16 principes onusiens pour des régimes durables. Dans 37 pays (17 % de la population mondiale), les questions environnementales sont mentionnées, dans les documents destinés aux mangeurs (17 cas) ou dans ceux, techniques, accompagnant les recommandations (32 cas). Des différences régionales sont mises en évidence, avec des mentions plus fréquentes dans la zone Europe et Asie centrale (figure ci-dessous). Peu commune avant 2010, la présence de l’environnement dans les préconisations publiques s’est progressivement renforcée et elle concerne 90 % de celles publiées depuis 2019.

Répartition des pays, par région (haut du tableau) et par statut économique (bas du tableau), selon que leurs recommandations alimentaires officielles incluent (colonne du milieu) ou non (colonne de droite), des messages sur la durabilité environnementale
Source : The Lancet Planetary Health

Parmi les critères les plus fréquemment mentionnés, figurent les régimes alimentaires privilégiant les produits végétaux et réduisant les produits animaux, les liens avec les impacts environnementaux (émissions de gaz à effet de serre, etc.), la préservation de la biodiversité et le gaspillage (figure ci-dessous). Les documents d’accompagnement y font plus référence (39 % des cas) que ceux destinés aux mangeurs (20 % des cas). Par exemple, en Australie et en Estonie, de nombreux principes sont présents dans les premiers et aucun dans les seconds. Par ailleurs, la Belgique et la Suède intègrent le plus grand nombre de critères environnementaux.

Nombre de pays dont les recommandations alimentaires intègrent chacun des 16 principes onusiens pour des régimes sains et durables
Source : The Lancet Planetary Health
Lecture : bâtons pleins, documents techniques ; en bâtons vides, documents destinés aux consommateurs. NCD risk : risque de maladie non-transmissible.

Les argumentaires et la précision des recommandations sont variables. Les problèmes environnementaux et le lien avec les consommations (ex. biodiversité, gaspillage) sont souvent traités. À l’inverse, les documents, en particulier destinés aux mangeurs, contiennent bien moins d’éléments sur la façon de répondre à ces enjeux (ex. réduction des protéines animales). Ce sont le Danemark, la Belgique, l’Italie et la Suède qui donnent le plus de précisions. Les deux premiers pays, suivis de l’Allemagne, sont également ceux qui proposent le plus de recommandations quantifiées (ex. proportion de denrées animales et végétales).

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : The Lancet Planetary Health