Perceptions par les agriculteurs de la contribution des circuits courts à la performance globale de leur exploitation

Dans un article publié dans la revue Économie rurale, des chercheurs d’Inrae étudient la façon dont les agriculteurs perçoivent la contribution des circuits courts et de proximité (CCP) à l’atteinte des objectifs qu’ils se fixent pour leur exploitation dans les domaines économiques, environnementaux et sociaux. Si de nombreuses recherches ont analysé les bénéfices sociaux de ce mode de distribution, les aspects économiques et environnementaux demeurent peu examinés.

Dans un premier temps, ils ont identifié dans la littérature 10 variables qui caractérisent la contribution des CCP à la performance globale des exploitations (figure ci-dessous). Ensuite, 48 entretiens semi-directifs ont été réalisés avec des agriculteurs installés en Nouvelle-Aquitaine, spécialisés en maraîchage, ovin lait ou bovin viande, et commercialisant leurs produits en circuits courts et de proximité. À partir des 10 variables, deux méthodes statistiques multivariées ont ensuite été appliquées aux discours de ces exploitants, portant sur leurs attentes en matière de performance des CCP : une analyse sémantique par clustering et une analyse textuelle.

Liste des variables de performance globale des circuits courts et de proximité pour les exploitations, identifiées par les auteurs dans la littérature
Source : Économie rurale

Les résultats ont permis de constituer deux groupes d’agriculteurs (figure ci-dessous), homogènes quant aux représentations et aux attentes exprimées.

Caractérisation des deux groupes d’exploitations ayant des représentations homogènes de la contribution des CCP à l’atteinte de leurs objectifs de performance globale
Source : Économie rurale

Le premier groupe est constitué d’agriculteurs n’ayant aucune attente par rapport à la performance économique de ces circuits. Les exploitants du second groupe mettent eux en avant l’enrichissement des relations avec les parties prenantes : relation directe et proximité géographique avec les consommateurs ; structures d’accompagnement financier, technique ou administratif ; insertion des CCP dans les projets de territoire.

Les auteurs notent que les agriculteurs du second groupe maîtrisent mieux les indicateurs économiques de leurs productions, et qu’ils portent des projets de distribution plus matures. Mais ils s’étonnent de l’absence d’attentes exprimées en matière de performance environnementale, dans l’ensemble des discours recueillis. Ils soulignent enfin la nécessité de confirmer ces résultats avec des enquêtes dans d’autres régions, pour vérifier qu’ils ne dépendent pas du territoire choisi pour l’étude.

Julie Blanchot, Centre d’études et de prospective

Source : Économie rurale