Travail détaché en agriculture : monographie d’une agence d’intérim international

La revue Migrations Société dresse un bilan de 25 ans de travail détaché dans différents secteurs (construction navale, logistique, agroalimentaire). Un article de F. Décosse, E. Hellio et B. Mésini (CNRS) y retrace l’histoire de l’entreprise de travail temporaire espagnole Campo Verde, qui a notamment permis à l’arboriculture provençale d’accéder, depuis les années 2000, à une main-d’œuvre à bas coût et flexible. « Poids lourd du secteur », avec 2 780 intérimaires détachés en 2018, son fonctionnement repose sur l’articulation de trois logiques : constitution d’un stock de main-d’œuvre acheminé en bus depuis l’Espagne et logé sur place dans l’attente d’une affectation ; mobilisation en « juste-à-temps », par camionnettes, suivant les demandes des entreprises utilisatrices ;  « fidélisation » des meilleurs éléments. Les intérimaires sont des Latino-Américains, des Marocains et des Africains de l’Ouest, titulaires d’un titre de séjour temporaire espagnol ne leur permettant pas d’être employés directement en France. Ce montage juridique contourne les règles françaises sur l’entrée et le séjour des étrangers, ainsi que celles de la protection sociale. En mai 2021, l’entreprise a finalement été sanctionnée (dissolution, amende). Selon les auteurs, on aurait alors atteint un « point de rupture », l’État cherchant désormais à décourager le recours à cette modalité d’emploi. Toutefois, l’activité de ce type d’agences se poursuivrait au travers d’autres entités juridiques. En complément, signalons un entretien avec un travailleur employé par Campo Verde.

Source :  Migrations Société