Les initiatives agro-écologiques en Inde

L’émission Cultures monde de France Culture propose une série de podcasts consacrés aux « dissidents du climat ». Le dernier épisode s’intéresse aux initiateurs de l’agro-écologie en Inde, avec comme invités le géographe Frédéric Landy et la journaliste Bénédicte Manier, auteure de la Route verte des Indes.

Les initiatives pour lutter contre les conséquences négatives de la « Révolution verte » se multiplient en Inde, où les pressions environnementales font peser des risques sur l’agriculture du pays. L’Inde est à la fois une puissance agricole exportatrice et un pays où la malnutrition demeure importante. Pour le premier ministre Narendra Modi, l’agro-écologie pourrait donc représenter une importante voie d’avenir. Pour l’instant, un seul État fédéré, l’Andra Pradesh et ses 6 millions d’agriculteurs, a mis en œuvre une politique visant à la transition agro-écologique d’ici 2027. Cette politique a été initiée par Subhash Palekar, conseiller agricole de l’État pendant plusieurs années, à partir de 2016, même si selon Bénédicte Manier d’autres initiatives existaient auparavant tout en étant moins visibles.

Agriculteur lui-même, S. Palekar a débuté par l’agriculture conventionnelle avant de théoriser un mode de production nouveau, l’agriculture naturelle ou zero budget natural farming. Il s’appuie notamment sur l’apport d’intrants naturels comme la fumure organique. Selon Frédéric Landy, il s’agit moins d’innovations que de la reconnaissance de savoirs anciens désormais érigés en modèle. Le discours de S. Palekar présente néanmoins une certaine originalité, pour deux raisons. D’une part son modèle reste très marqué par la spiritualité hindoue. D’autre part, son nationalisme le conduit à dénoncer l’agriculture biologique (organic farming), considérée comme une création occidentale et dont le mode de production privilégie la monoculture destinée à l’exportation. Lui se fixe plutôt comme objectif l’autosuffisance alimentaire et promeut la multiplicité des cultures, afin de diversifier l’alimentation. Si les rendements paraissent équivalents à ceux de l’agriculture conventionnelle, de nombreux freins existent selon Frédéric Landy pour assurer le succès de cette transition. Il cite notamment le manque de soutien de la part de l’État et le fort ancrage du modèle conventionnel chez les agriculteurs indiens.

Johann Grémont, Centre d’études et de prospective

Source : France Culture