Les élevages français et européens pourraient se passer de soja importé

Dans un rapport publié en octobre 2022, l’Idele, l’Ifip, IddriAsca et l’Académie d’agriculture de France montrent que les élevages français et européens pourraient se passer de soja importé. Les travaux, menés de 2019 à 2021, avaient fait l’objet de discussions lors d’une séance de l’Académie d’agriculture en mars 2021. Pour leur réalisation, les auteurs ont utilisé les chiffres des bilans protéines de l’Union européenne et les outils de calcul mis au point pour TYFA (consommations d’aliments, surfaces nécessaires). Le rapport présente de manière distincte l’étude sur l’Europe (bilan des matières azotées totales) et l’étude sur la France, qui prend en compte les quantités réelles de tourteaux de soja.

Les auteurs rappellent les raisons historiques de l’importation de soja états-unien en Europe, en échange de la protection du marché céréalier européen puis de la limitation de la production d’oléagineux. Ils indiquent que la majeure partie du soja importé provient désormais du Brésil, issu dans certains cas de monocultures résultant de la déforestation. Des Organismes génétiquement modifiés (OGM) et de grandes quantités de pesticides sont souvent utilisés pour cette culture. Ainsi, afin d’améliorer l’autonomie de la France et de l’Europe dans son ensemble, de lutter contre le changement climatique et de répondre à la demande des consommateurs souhaitant des produits issus d’animaux nourris sans OGM, les auteurs préconisent une évolution des surfaces cultivées (figure) et de l’alimentation des animaux.

Évolutions des surfaces cultivées qu’impliquerait l’arrêt de l’importation de soja en France Source : Idele, Académie d’agriculture de France

Dans des proportions différentes pour l’Europe et pour la France, ils préconisent la réduction des surfaces de maïs ensilage « au profit des prairies à légumineuses permettant ainsi de supprimer totalement le tourteau de soja à tous les bovins, notamment aux vaches laitières ». Ils proposent aussi la multiplication par quatre des surfaces en soja et par deux à trois (selon la zone étudiée) des surfaces en protéagineux, en les cultivant sous forme de mélanges avec des céréales pour les rendre plus rustiques. Ces mesures devraient s’accompagner de soutiens financiers et techniques aux agriculteurs et ne devraient pas, selon eux, pénaliser le bilan économique de la « ferme France ».

 

Amandine Hourt, Centre d’études et de prospective

Source : Académie d’agriculture, Idele, Ifip, Iddri-Asca