L’automatisation de l’agriculture au service de la transformation des systèmes agroalimentaires

La dernière édition du rapport annuel de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), sur la situation mondiale des systèmes agroalimentaires, s’intéresse à l’automatisation de l’agriculture. Celle-ci est définie comme l’« utilisation, pour les travaux agricoles, de machines et de matériel qui améliorent l’analyse, la prise de décision ou l’exécution, en réduisant la pénibilité du travail et/ou en accroissant la rapidité des tâches, et éventuellement leur précision ». Les transformations actuelles ne sont souvent que la consolidation d’évolutions technologiques à l’œuvre sur un temps bien plus long (figure ci-dessous). L’automatisation démarre au début du XXe siècle, avec les machines agricoles motorisées, et s’accélère à partir des année 1980 avec l’usage du numérique. Plus récemment, la robotique, alliée à l’intelligence artificielle, entre en jeu.

L’automatisation dans l’évolution technologique de l’agriculture
Source : FAO

Les auteurs soulignent les potentialités de l’automatisation pour l’atteinte de plusieurs objectifs onusiens de développement durable : augmentation de la productivité, meilleure utilisation des ressources naturelles, renforcement de la sécurité sanitaire des aliments, etc. Par exemple, des technologies d’automatisation numérique permettent d’ajuster les quantités d’intrants au plus près des besoins des plantes, ou de réduire l’utilisation des pesticides et autres produits chimiques par un traitement ciblé sur les cultures. D’autres sont employées pour anticiper les risques d’épidémie animale, donc prévenir et contrôler les zoonoses.

Pour autant, le développement de l’automatisation présente aussi un risque d’aggravation de certains problèmes existants. Elle peut accroître les inégalités entre agriculteurs, du fait d’accès variables aux technologies, selon le niveau de développement économique du pays ou de ses normes culturelles, des infrastructures territoriales (connectivité, réseau électrique), des capacités d’investissement de l’agriculteur, de son âge, de son niveau de formation, etc. De plus, les grosses machines agricoles et les modes de production qui leur sont généralement associés sont néfastes à la durabilité environnementale : érosion des sols, appauvrissement de la biodiversité, encouragement à la monoculture, etc. Enfin, selon la situation nationale de l’emploi, l’automatisation peut être un atout pour maintenir la productivité en cas de pénurie de main-d’œuvre peu qualifiée ou un inconvénient dans le cas inverse. Aussi, les auteurs mentionnent des recommandations d’action publique à adapter au contexte local afin d’établir un cadre propice au développement inclusif et durable de l’automatisation.

Jérôme Lerbourg, Centre d’études et de prospective

Source : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

 

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