Usage des outils d’aide à la décision : le cas d’une coopérative agricole

La revue Études rurales consacre un dossier, mis en ligne en octobre, aux multiples enjeux du développement des outils numériques en agriculture. L’une des contributions s’intéresse, dans une perspective sociologique, aux usages des outils d’aide à la décision (OAD) au sein d’une coopérative agricole (figure ci-dessous). Les OAD étudiés sont des programmes informatisés qui, à partir d’une situation agricole donnée, préconisent un itinéraire technique optimal parmi un ensemble de possibles. Afin de rendre compte des changements que leurs usages induisent dans les relations entre agriculteurs et technico-commerciaux (filières ruminants et grandes cultures), ainsi que dans la pratique de leurs métiers respectifs, les auteurs ont conduit une série d’entretiens et d’observations des échanges auxquels ces prestations de conseils donnent lieu.

Organigramme simplifié de la coopérative agricole étudiéeSource : Études rurales

Au début des années 2010, la plupart des grands groupes coopératifs français promouvaient l’agro-écologie, qui s’imposait alors en France comme le modèle souhaitable, visant une écologisation des pratiques agricoles. Dans le cas étudié, pour promouvoir la diminution des intrants chimiques, les technico-commerciaux sont équipés d’OAD (ajustement des doses au plus près des besoins des plantes), en complément des solutions déjà à leur disposition : biocontrôle, plantes compagnes, couverts végétaux, etc. Dans un premier temps, ils se voient dépossédés de leur expertise, ce qui peut remettre en cause leur relation avec l’agriculteur. Mais progressivement les solutions proposées par ces outils leur paraissent plus aisées à mettre en œuvre et moins risquées que leurs alternatives non numériques, pour atteindre les objectifs de diminution d’intrants.

Initialement réservés aux technico-commerciaux, ces OAD sont désormais largement commercialisés auprès des adhérents de la coopérative. Du côté des agriculteurs, les auteurs identifient trois usages principaux : une optimisation économique de l’itinéraire de production, un appui à l’élaboration d’un nouveau mode de production, un outil permettant de s’approprier de nouvelles pratiques agricoles.

Jérôme Lerbourg, Centre d’études et de prospective

Source : Études rurales