Une évaluation des effets du 2nd pilier de la PAC sur l’emploi et l’attractivité des zones rurales

Bien qu’elles ne représentent qu’une faible part du budget du second pilier de la Politique agricole commune (PAC), les mesures dédiées à l’activité économique, aux services de base et au programme Leader, sont des composantes importantes des politiques de développement rural en France. Dans un article publié en octobre 2022 dans Économie et Statistique, des chercheurs d’Inrae ont mesuré l’effet propre de ces dispositifs sur la création d’emplois et l’attractivité des territoires ruraux. Celle-ci est mesurée par la croissance de la population. L’étude porte sur la programmation 2007-2013.

Pour conduire leur analyse, les auteurs ont utilisé la méthode des doubles différences avec appariement sur score de propension. Pour chaque commune ayant bénéficié de ces dispositifs, des communes non bénéficiaires comparables ont été identifiées. L’évolution des variables de résultats (nombre d’emplois, solde migratoire, dynamique démographique) a ensuite été comparée entre les deux échantillons ainsi constitués.

Les tests statistiques réalisés mettent en évidence un effet positif important des mesures sur l’emploi, principalement dans les services. Plus spécifiquement, ce sont les soutiens à l’activité touristique et au développement de services de base (équipements culturels et sportifs, commerces, maisons de santé, etc.) qui ont les effets les plus forts. Au total, les auteurs estiment que les mesures évaluées ont permis de préserver ou créer 79 000 emplois, pour un coût de 18 000 €/emploi. Ce faisant, ces dispositifs apparaissent beaucoup plus efficients que ceux basés sur des exonérations fiscales ou des cotisations sociales, dont le coût par emploi fluctue entre 30 000 et 70 000 €. À l’inverse de ces derniers, les auteurs montrent aussi que les « effets de déplacement » sont faibles dans le cas du second pilier de la PAC : le développement de l’emploi dans les zones bénéficiaires ne se fait pas au détriment des emplois des communes voisines. En revanche, aucun effet statistiquement significatif n’est mis en évidence concernant l’attractivité résidentielle, excepté pour le programme Leader qui contribue très modestement à l’augmentation de la population des territoires bénéficiaires.

Effet moyen sur l’emploi des communes bénéficiaires
Source : Économie et Statistique
Lecture : ce tableau présente l’effet moyen des différentes mesures sur la différence du logarithme du nombre d’emplois entre 2007 et 2015. Le nombre entre parenthèses est l’écart-type. Les astérisques rendent compte de la significativité statistique, trois astérisques témoignant d’un effet statistiquement très significatif. Ainsi, entre 2007 et 2015 et sur les communes ayant bénéficié de mesures de l’axe 3, l’évolution du nombre d’emplois est, en moyenne, de 2,7 % supérieure à ce qu’elle aurait été en l’absence d’aide, avec un écart-type de 0,010, et cet effet est statistiquement très significatif.

En conclusion, bien que les résultats présentés ici portent sur une programmation ancienne, les auteurs considèrent qu’ils restent valides, les dispositifs ayant peu évolué depuis. Ils soulignent ainsi la pertinence des soutiens publics à la diversification de l’économie locale et à l’amélioration des conditions de vie dans les espaces ruraux.

Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective

Source : Économie et Statistique