L’initiative Transparency for Sustainable Economies (Trase)

Lancée en 2015, l’initiative internationale Transparency for Sustainable Economies (Trase) vise à lutter contre la déforestation importée en recueillant, traitant et mettant à disposition des données sur les matières premières agricoles et forestières présentant les risques les plus élevés : soja, huile de palme, viande bovine, bois, etc. Elle cartographie les chaînes d’approvisionnement en rassemblant des données disparates, publiques, afin d’établir un lien entre la consommation et la déforestation, les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation des terres, etc. Trase met à disposition les données traitées et propose de nombreuses infographies (ex. ci-dessous).

Exemple de carte interactive sur le risque de déforestation lié à la production d’huile de palme en Indonésie
Source : Trase
Lecture : la carte localise les zones de production des palmiers à huile. Le graphique présente les flux en volumes échangés tout au long de la chaîne de valeur : en bleu, huile de palme brute ; en jaune, huile de palme raffinée.

Initiée par deux organisations non gouvernementales (ONG) s’appuyant sur d’importants réseaux de chercheurs, Global Canopy et le Stockholm Environment Institute, Trase s’est enrichie en 2020 d’une identification des entreprises et des flux financiers liés aux circuits d’approvisionnement, grâce au partenariat avec Neural Alpha, cabinet de conseil britannique spécialisé dans l’intelligence artificielle et l’analyse des données. De nombreuses ONG, organismes, universités et centres de recherche participent également à ce projet.

Trase est de plus en plus souvent sollicitée par les gouvernements dans leur lutte contre la déforestation importée. Le ministère français de la Transition écologique y a fait appel pour construire un tableau de bord du risque de déforestation liée au soja. La plateforme a aussi publié une étude de cas sur le sujet en août 2022. En Allemagne, le gouvernement a récemment financé une étude pour évaluer son empreinte sur les forêts tropicales. Si les outils développés s’adressent majoritairement aux entreprises importatrices et aux gouvernements, certains sont aussi destinés aux consommateurs, par exemple une application sur smartphone sur la viande bovine au Brésil. Enfin, les expertises de Trase peuvent faire l’objet de publications dans des revues scientifiques, à l’instar d’un article dans Science, en septembre, montrant que quelques années après la déforestation pour l’agriculture, la moitié seulement des terres restent en production.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Trase