Élevage au pâturage et développement durable des espaces méditerranéens et tropicaux, A. Ickowicz, C.-H. Moulin (coord.), Éditions Quæ, 2022

Dans cet ouvrage, des chercheurs de l’unité mixte Selmet (Cirad/Inrae) rassemblent plusieurs de leurs travaux portant sur l’élevage au pâturage, dans les territoires méditerranéens et tropicaux, thème au cœur du projet scientifique de l’unité de 2015 à 2020. Au fil de la vingtaine de contributions, les auteurs font la démonstration de l’intérêt des systèmes pâturants, du point de vue de la transition agro-écologique et des Objectifs de développement durable (ODD). À rebours de l’image passéiste que véhicule ce mode d’élevage, ils font au contraire la preuve, en s’appuyant sur des cas concrets, de sa capacité d’innovation et d’adaptation, et de son efficience.

L’ouvrage comporte cinq parties, la première introduisant la problématique et le cadre d’analyse. La deuxième analyse les capacités d’adaptation des systèmes pâturants face aux changements locaux et globaux. Les auteurs montrent que les leviers utilisés sont de natures diverses (physiologique, génétique, technique, organisationnelle, etc.) et qu’ils sont mobilisés à différents pas de temps et échelles (animal, exploitation, paysage). La troisième partie s’intéresse à l’efficience de ces systèmes, entendue comme la capacité à produire en minimisant l’utilisation des ressources naturelles. Plusieurs exemples d’évaluation à l’échelle des exploitations, des filières et des territoires sont ainsi présentés. Même si les résultats ne sont pas univoques, ils mettent en exergue l’efficience de l’élevage au pâturage, surtout lors d’évaluations multi-critères rendant compte de sa multifonctionnalité. La quatrième partie traite des innovations visant à accroître les performances des systèmes pâturants (spectrophotométrie pour déterminer la valeur des fourrages, mise en place de banques fourragères, etc.). Elle en étudie les processus de création et de dissémination, largement participatifs et basés sur la co-construction entre éleveurs et chercheurs.

En conclusion, les auteurs constatent l’intérêt de l’élevage au pâturage du point de vue du développement durable, sans en occulter les limites. Ils recommandent la mise en œuvre de politiques publiques permettant la coexistence de ces modes d’élevage avec les autres façons de produire.

Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective

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