Prospective du système alimentaire britannique à l’horizon 2050

Quels sont les futurs possibles pour un système alimentaire britannique compatible avec l’Accord de Paris et les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2050 ? Le programme Global Food Security (GFS) apporte des réponses en publiant une prospective par scénarios, fruit des travaux d’un groupe de 22 experts (recherche, industrie, État).

Selon les auteurs, deux variables seront déterminantes : d’une part la globalisation, qui pourrait soit se poursuivre sous de nouvelles formes, soit connaître un repli profond en raison des tensions géopolitiques ; d’autre part le degré de prise en compte des ODD, avec une focalisation stricte sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), ou bien une approche plus globale incluant biodiversité, paysages, santé, etc. Quatre scénarios contrastés en résultent.

Dans le scénario « Neutralité carbone », avec la « déglobalisation », le Royaume-Uni ne peut plus compter sur les importations pour se nourrir. L’autosuffisance est assurée par des « méga-fermes » étatiques géantes et automatisées, avec peu de main-d’œuvre, et intégrées à des réseaux logistiques. Ultra-efficientes, elles permettent de limiter l’inflation alimentaire et de réduire les GES.

Dans « Système alimentaire communal », l’instabilité géopolitique pousse les Britanniques à relocaliser en partie la production. La diversification des cultures les rend plus résilientes aux chocs climatiques, et assure une relative variété de produits pour les consommateurs et une amélioration de la biodiversité. Les marchés régionaux et la saisonnalité des produits dominent le système alimentaire.

Dans « Système alimentaire commercial », le Royaume-Uni dépend des importations. Les exploitations familiales ont disparu. Une logistique pilotée par l’intelligence artificielle assure des approvisionnements stables, mais la taxe carbone réduit la disponibilité des produits les plus émetteurs de GES (viande, riz paddy), sauf pour les plus riches. Les œufs et le café, par exemple, deviennent rares et chers.

Enfin, dans le scénario « Système alimentaire collaboratif », les consommateurs se sont résolument tournés vers des régimes sains (food litteracy). Les chaînes de valeur globales, autrefois purement économiques, sont maintenant co-gérées par les citoyens co-propriétaires. Les exploitations sont moins productives mais plus efficientes, avec des meilleures performances environnementales.

Sur cette base, le rapport propose des priorités politiques et un agenda pour la recherche.

Julien Hardelin, Centre d’études et de prospective

Source : Global Food Security programme, Global Food Security programme, Global Food security programme