Concordance des temps (France Culture) : la République, l’animal et nous

« L’usage de manger de la viande est, dit-on, fondé sur la Nature. Mais, si vous vous obstinez à soutenir qu’elle vous a fait pour manger la chair des animaux, égorgez-les donc vous-même ». C’est par cette citation de Plutarque que débute l’émission Concordance des temps du 5 octobre 2019, consacrée à « la République, l’animal et nous ». Comme le souligne J.-N. Jeanneney, « pour qui croirait que les soucis de protection des animaux seraient tout récents, voilà un démenti éclatant ». Son invité, P. Serna, professeur d’histoire de la Révolution française à l’université Paris-I-Sorbonne, retrace avec passion et érudition l’histoire des rapports entre l’homme et l’animal depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, en passant par le Siècle des Lumières et la Révolution industrielle. Des rapports qui évoluent avec les sensibilités collectives, les structures économiques (par exemple, au XVIIIe siècle, la France doit acheter de la laine à l’Angleterre et à l’Espagne et perd ainsi des millions de livres chaque année), et nos conceptions du monde vivant et de la politique : pour Bernardin de Saint-Pierre, les animaux paisibles (vache, cheval, mouton) sont des animaux travailleurs et, donc, républicains. Pour ceux-là, il n’y a pas besoin de « barrière » au contraire des animaux sauvages, métaphores de l’aristocratie. Comme le souligne Pierre Serna, « les animaux ont fait leur révolution avant 1789 ».

Source : Concordance des temps