Une expérience originale conduite aux États-Unis pour comprendre comment améliorer des programmes de petits déjeuners à l’école

Dans un article paru en janvier dans l’American Journal of Agricultural Economics, des chercheurs ont évalué l’efficacité de plusieurs modalités de mise en œuvre du programme national de « petits déjeuners à l’école » (SBP) des États-Unis, dont l’objectif est depuis 1975 de subventionner ce repas des enfants des familles à revenu modeste. Si leurs résultats sont dépendants du contexte américain, leur méthode, originale, est inspirante pour les évaluations conduites dans l’Union européenne pour des actions publiques proches.

En comparaison d’autres programmes alimentaires scolaires états-uniens, l’adhésion au SBP est faible, en dépit de son intérêt nutritionnel et cognitif avéré. Dans ce cas, le repas est servi dans la cafétéria à un prix dépendant du quotient familial. Depuis 2006, un programme pilote est testé : le « petit déjeuner en classe » (BIC). Aujourd’hui adopté par certaines écoles publiques dans 18 États, il est gratuit pour tous et servi en classe pendant 10 minutes. Si la participation des élèves au BIC s’avère en toute logique plus élevée (de 30 % à 60 %) qu’au SBP, son coût limite son déploiement. Les chercheurs se sont servis de la réussite du premier pour comprendre comment améliorer le second.

Pour ce faire, le passage de trois écoles primaires du comté de Washoe (Nevada) du SBP au BIC, entre 2010 et 2012, leur a fourni une expérience naturelle. Ils ont recueilli des données quotidiennes et individuelles détaillées d’élèves, sur trois séquences de deux semaines : une première séquence de SBP standard en 2010 ; une deuxième en 2011, où le SBP a été modifié, pour l’étude, en imposant un temps spécifique de 10 mn à la cafétéria après le début des cours ; une troisième avec le BIC. Quatre effets peuvent ainsi être décomposés : le temps consacré au petit déjeuner (les chercheurs connaissant l’heure d’arrivée à l’école de chaque élève) ; l’immobilisation dans un lieu ; le lieu en question (salle de classe ou cafétéria) ; le prix, ce dernier ne comptant que peu, environ 80 % élèves étant déjà subventionnés en 2010 dans les écoles choisies.

Cette analyse originale conclut que consacrer un temps défini au petit déjeuner à l’école augmente sa prise de 20 %. La mise en œuvre en classe l’améliore encore de 35 à 45 %. Toutefois, le dispositif revient à encourager 15 à 20 % des élèves à prendre un second petit déjeuner alors qu’ils en ont déjà eu un à la maison.

José Ramanantsoa, Centre d’études et de prospective

Source : American Journal of Agricultural Economics