Revue Historia Agraria : analyse comparée de la gestion des espaces agraires en Irlande et Espagne au haut Moyen Âge

La revue Historia Agraria propose une approche interdisciplinaire en histoire agricole et rurale, sur des sujets qui concernent particulièrement l’Espagne, mais aussi d’autres zones géographiques dont l’Amérique latine. Diverses questions y sont abordées : foncier agricole, réformes agraires, gestion de l’eau, etc. Publié en début d’année, le numéro 73 comporte plusieurs contributions sur la thématique du lait : exploitations laitières suédoises des années 1920 à 1990, histoire de la qualité sur le marché britannique, évolution du régime alimentaire espagnol entre 1950 et 1965, etc. Il intègre également un article [http://www.historiaagraria.com/articulo.php?id=754&num=73] traitant des courants historiographiques à l’œuvre, aux XXe et XXIe siècles, dans les travaux sur la gestion collective des espaces ruraux au haut Moyen Âge. Initialement, le point de vue de ces études, partant d’une interprétation partielle des sources archéologiques et historiques, préjugeait d’un contrôle des terres exercé au niveau de l’unité familiale (propriété privée), en laissant de côté les pratiques qui auraient pu suggérer une gestion collective. À partir des années 1970, de nouvelles perspectives dans la lecture des sources ont étayé des interprétations sur le rôle des institutions et des logiques collectives, renouvelant les travaux historiques en la matière.

L’auteur mène une analyse comparée des études sur l’Irlande et le Nord-Ouest de la péninsule Ibérique, portant sur deux modes d’organisation et de gestion des espaces agricoles, respectivement le rath et les sernas. En Irlande, la tradition historiographique est longtemps restée centrée sur la notion de propriété privée, perspective qui a changé au cours des deux dernières décennies avec l’étude du cadre normatif. Dans le cas de l’Espagne, à partir des années 1970, s’est développée une approche fondée sur l’analyse de l’émergence des élites locales et des pouvoirs seigneuriaux, ainsi que de leurs relations avec les communautés paysannes.

Pour l’auteur, les évolutions dans les approches scientifiques, et les éclairages en découlant, sur les diverses logiques d’organisation et de régulation collective des acteurs, ont permis de reconsidérer les stratégies d’utilisation des espaces ruraux et leur impact dans les processus socio-économiques et politiques plus larges.

Hugo Berman, Centre d’études et de prospective

Source : Historia Agraria