PAC : les aides couplées à la betterave ont exercé une pression sur les prix et introduit des distorsions de concurrence

Un récent rapport de l’université de Wageningen dresse un bilan critique des impacts des aides couplées aux producteurs de betterave. Mises en place à partir de 2015, dans onze États membres, elles ont contribué à préserver la production dans des zones en déclin. Mais elles ont exercé une pression à la baisse sur les prix et ont introduit des distorsions de concurrence dans le marché commun. Les auteurs se sont appuyés notamment sur des données du Réseau d’Information Comptable Agricole (RICA), permettant d’estimer des marges brutes moyennes par régions et de comparer l’impact sur leurs compétitivités. Ils ont également utilisé un modèle de déplacement d’équilibre afin d’évaluer les effets sur le marché.

Les onze États membres qui ont mobilisé ces aides couplées – la France n’en fait pas partie – correspondent globalement à des zones de production avec peu de surfaces par producteur et de faibles rendements à l’hectare. Ils comptent aussi, en moyenne, des niveaux nettement plus bas de revenu des producteurs. Les aides ayant contribué à maintenir la production dans ces zones en difficulté, elles ont joué dans une certaine mesure la fonction sociale qui leur était accordée dans le Règlement. En incitant à la rotation des cultures, elles ont également, selon les auteurs, contribué à l’objectif environnemental de la PAC.

Mais l’étude identifie aussi des effets négatifs importants. D’une part, ces aides ont introduit des distorsions de concurrence entre les États membres. Les niveaux d’aide couplée varient fortement d’un pays à l’autre. Ils s’étendaient en 2015 de 90 € en Finlande à 610 € en Roumanie, et représentaient une subvention allant de 5 à 50 % du prix payé par l’industriel au planteur. Quatre régions (en Pologne et en Espagne) ont reçu plus de 10 millions d’€ en 2015 à ce titre, alors que 28 régions ont reçu moins d’1 million d’€. D’autre part, ces aides ont induit une hausse de la production et une baisse des prix de l’ordre de 4,5 %, affectant l’ensemble des producteurs de l’UE.

In fine, les auteurs concluent à la nécessité de mieux cibler les bénéficiaires de ces aides, et recommandent d’inciter les États membres à mieux justifier leur mise en place.

Montants des aides couplées à l’hectare dans les 60 régions bénéficiaires les plus importantes en volumes de production

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Source : université de Wageningen

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : université de Wageningen