Agriculture connectée. Arnaque ou remède ?, Vincent Tardieu

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En 2012, le journaliste Vincent Tardieu réussissait à capter l’air du temps avec un livre, Vive l’agro-révolution française !, qui présentait au grand public diverses expériences en matière d’agro-écologie. Il y était assez peu fait état des nouveaux équipements qui peuvent servir de levier pour une meilleure conciliation des performances économiques, sociales et environnementales. Or, « depuis près de dix ans pourtant, une sorte de cheval de Troie technologique s’est introduit dans les fermes occidentales ». Agriculture connectée. Arnaque ou remède ? propose à point nommé une enquête fouillée sur ces derniers développements, de l’élevage de précision à la robotisation, en passant par le big data agricole.

Partant à la rencontre de producteurs férus de nouveautés, la première moitié de l’ouvrage présente dix « contes » de l’agriculture connectée. Ainsi, le premier chapitre dresse le portrait d’un agriculteur qui élève 65 vaches « en solitaire », mais réduit ses astreintes grâce à « une batterie de capteurs tous communicants ». L’auteur évite la caricature en alternant les échanges avec l’agriculteur, qui décrit son système, et des mises en perspectives à partir d’interviews avec des chercheurs. De nombreux encadrés facilitent la lecture. La seconde partie prend le contrepoint de ces histoires enchantées pour en détailler les « mécomptes ». Neuf chapitres examinent des enjeux qui affleuraient seulement dans la première partie : impacts sur l’emploi et le travail agricoles, risques de surendettement, déficits de formation, etc.

Alors, « arnaque ou remède » ? L’ouvrage pose les bonnes questions, mais l’enquête ne permet pas vraiment de trancher. De façon assez plaisante, l’auteur conclut son ouvrage par un dialogue de sourds entre deux personnages imaginaires, Agronumericus et Agroscepticus. À l’enthousiasme technophile pour les nouveaux agroéquipements répondent les lieux communs (informés) d’une agriculture paysanne plus humaine et porteuse d’emploi. De fait, cet embarras semble très répandu, et Tardieu donne à penser qu’il est une donnée structurelle, indépassable, du débat sur l’agriculture de demain.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

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