L’influence de la politique extérieure européenne sur la PAC

Les transformations de la Politique agricole commune (PAC) au cours de son histoire ont souvent été analysées comme étant à la fois le fruit de dynamiques internes et des pressions commerciales internationales. La réforme MacSharry de 1992, notamment, a eu comme toile de fond les négociations de l’Uruguay Round, qui ont abouti à l’Accord sur l’agriculture. Mais l’influence de la politique extérieure européenne sur la PAC dépasse les seuls accords du GATT. C’est le mérite d’un récent rapport, rédigé par A. Swinbank (université de Reading) pour le Parlement européen que d’en recenser les différentes dimensions.

La PAC a d’abord dû s’adapter aux élargissements successifs de l’UE, les nouveaux entrants ayant négocié des adaptations de la politique à leurs exigences. C’est ainsi que le coton a intégré la PAC suite à l’adhésion de la Grèce en 1981, et que l’appui aux territoires à handicap naturel s’est développé avec l’entrée de l’Autriche, de la Finlande et de la Suède en 1995.

Les préférences commerciales accordées aux pays du voisinage (ex : Ukraine), du pourtour méditerranéen ou aux anciennes colonies, pour des considérations diplomatiques, ont également redessiné la politique agricole. En témoignent les réformes dans les secteurs du riz, du sucre et de la banane induites par le dispositif « Tout sauf les armes », ouvrant le marché en 2001 à l’ensemble des produits issus des pays les moins avancés.

Pour la PAC d’après 2020, l’auteur entrevoit plusieurs défis extérieurs qui devraient peser. D’abord, la contribution de l’agriculture aux engagements internationaux, en matière de changement climatique, devrait occuper une place centrale dans les débats, compte tenu des objectifs de réduction d’émissions à atteindre. Ensuite, le contexte géopolitique instable autour de la Méditerranée pourrait amener l’UE à faire des concessions commerciales sur les produits méditerranéens. Les négociations avec des partenaires comme les États-Unis ou le Mercosur pourront aussi induire une exposition plus forte à la concurrence pour des productions comme la viande bovine, l’éthanol ou les produits laitiers. Enfin, l’auteur considère que le Brexit pose un défi important à la PAC, et en particulier pour son financement dans le futur.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : Parlement européen