Colloque « Nouvelles formes d’agriculture : pratiques ordinaires, débats publics et critique sociale »

Le département SAD (Sciences pour l’action et le développement) de l’INRA a organisé, les 20 et 21 novembre derniers, à Dijon, un riche colloque réunissant sociologues, géographes et agronomes sur le thème des nouvelles formes d’agriculture. Structuré autour de sujets très divers (rapports entre pratiques de production et mise en forme de l’image des agriculteurs, agriculture dans la ville, recompositions entre échelles locales et globales, etc.), il s’est signalé par une forte ouverture aux chercheurs des États-Unis.

L’ambition était d’interroger les « nouvelles formes d’agriculture » (agriculture durable, agroécologie, etc.) à partir de leurs dimensions morales et politiques. Partout dans le monde, le modèle de développement des « révolutions vertes » est aujourd’hui remis en question. Il n’est certes pas épuisé, comme en témoigne par exemple le dynamisme des fronts pionniers étudiés en Indonésie par Nancy Peluso. Mais les limites sociales et environnementales de ce modèle sont de plus en plus visibles, y compris quand le secteur « conventionnel » en vient à intégrer les innovations apportées par les marges (Julie Guthman sur la conventionnalisation du bio).

De nombreux sujets ont été abordés, sans qu’il soit possible ici de les citer tous. Ces « nouvelles formes d’agriculture » ne sont sans doute pas si nouvelles, si l’on pense à l’exposé de Yuna Chiffoleau sur la confiance dans l’origine des produits ou à l’intervention de Philippe Fleury sur les « circuits de proximité » en Rhône-Alpes. Il s’agit souvent de réinventions, de déplacements par rapport à des schémas existants, l’enjeu étant le passage à des échelles supérieures (Sandrine Baudry sur l’agriculture urbaine), l’adaptation des agriculteurs à des pressions de l’environnement (Lucie Dupré) ou la manière de répondre au déclin des appareils d’encadrement (Grégoire Berche sur les effets de la réforme de la filière vitivinicole de 2008 en Bergeracois).

Ce colloque avait pour principal intérêt de mobiliser de nombreuses enquêtes de terrain, et donc de varier les regards portés sur les trajectoires de modernisation. L’image du monde agricole qui en ressort est très diverse et fragmentée. Plusieurs publications sont annoncées pour faire suite au colloque dans les mois à venir.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : Inra