Vers un pic des terres cultivées ?

Dans une étude publiée dans la revue Population and Development, des chercheurs de l’université Rockefeller de New York estiment que nous devrions atteindre, d’ici 2060, un « pic des terres cultivées » (peak farmland), soit une stabilisation des superficies nécessaires pour nourrir l’humanité. Une croissance démographique plus lente, une augmentation modérée de la consommation de viande, des progrès technologiques permettant d’améliorer les rendements à l’hectare seraient à l’origine de cette stabilisation, qui permettrait même à 10% des terres actuellement cultivées de retrouver leur état naturel.

Les auteurs se basent sur une analyse rétrospective de la consommation et de la production en Inde et en Chine, remontant aux années 1960 pour montrer que la croissance démographique et des revenus dans ces pays ne s’est pas accompagnée d’une expansion proportionnelle des terres cultivées (grâce notamment à la « révolution verte »). En combinant ensuite des projections de différents facteurs, ils aboutissent à ce résultat de baisse des terres nécessaires :

 

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Les auteurs n’excluent cependant pas des « surprises stratégiques » qui viendraient contrarier leurs projections : forte croissance des biocarburants, impact du changement climatique, comportements alimentaires qui iraient au contraire vers plus de consommation de viande, etc.

Leurs conclusions sont très différentes de celles de la FAO qui, dans un rapport publié en juin 2012, estimait pour sa part que 70 millions d’hectares de terres nets supplémentaires devraient être cultivés en 2050 par rapport au niveau actuel.

 

Céline Laisney, Centre d’études et de prospective

 

Sources : Population and Development , FAO

 

Voir aussi : CEP, 4 pages Analyse n°28